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En Egypte, la percée de l'Etat dans le juteux marché de la téléphonie mobile

Publié le 07/11/2017 13:04
Mis à jour le 07/11/2017 14:15
Un panneau publicitaire de l'opérateur mobile 'WE' dans les rues du Caire, le 31 octobre 2017 (Photo MOHAMED EL-SHAHED. AFP)
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Un panneau publicitaire de l'opérateur mobile 'WE' dans les rues du Caire, le 31 octobre 2017 (Photo MOHAMED EL-SHAHED. AFP)

A coups de publicités tapageuses et de promotions exceptionnelles, Telecom Egypt, la compagnie publique historique de la téléphonie et de l'internet fixes en Egypte, vient de frapper fort.

Après seulement un mois d'existence, sa filiale mobile "WE" se targue d'avoir séduit un million de clients. De quoi satisfaire les ambitions de l'Etat égyptien, qui cherche dans ce marché lucratif de nouvelles sources de revenus.

Selon l'Autorité nationale de régulation des télécommunications (NTRA, en anglais), l'Egypte comptait en 2016 plus d'abonnés au mobile que d'habitants, soit près de 100 millions d'abonnements.

Le nombre de souscriptions à la téléphonie fixe et à l'ADSL, en comparaison, n’atteignait pas les 10 millions. Depuis 1998, Vodafone (LON:VOD), Orange (anciennement Mobinil) et, depuis 2006, Etisalat se partageaient le marché.

Officiellement, l'arrivée de WE vise à favoriser la concurrence et à susciter des prix attractifs.

Le climat s'est avéré opportun pour ce nouveau venu. Son lancement a coïncidé avec la mise en application officielle de la 4G, longtemps retardée par le gouvernement, le 28 septembre.

Autre hasard du calendrier favorable, la NTRA a décidé d'appliquer une hausse des prix de 30% sur la téléphonie mobile.

Conformément à l'usage commercial, WE peut toutefois proposer des prix imbattables, un privilège accordé de manière temporaire à tout nouvel entrant dans un marché.

Mise en place de manière soudaine, cette hausse des prix répond à une demande ancienne de Vodafone Egypt, Orange Egypt et Etisalat Misr, qui se plaignaient de devoir maintenir leurs tarifs dans un pays en pleine crise économique.

L'inflation annuelle tourne autour de 30% depuis la dévaluation fin 2016 de la monnaie locale, qui a perdu la moitié de sa valeur face à l'euro et au dollar.

- 'Terrain difficile' -

Cette concurrence inquiète les opérateurs en place --dont Orange, qui a investi quelque 15 milliards de livres égyptiennes (plus de 730 millions d’euros) pour le développement de la 4G--, du fait des risques de dumping et d'abus de position dominante.

"C'est une grosse responsabilité pour le gouvernement de faire en sorte que les règles de la concurrence s'établissent de manière équitable", a prévenu Jean-Marc Harion, PDG d'Orange Egypt.

M. Harion appelle les autorités égyptiennes à imposer un véritable système de régulation, à l'instar de ce qui se pratique dans "un marché concurrentiel", en regrettant que cela n'ait pas toujours été le cas.

De son côté, l'opérateur public rappelle qu'à l'ère des smartphones, son entrée dans le marché du mobile n'a rien de surprenant.

"C'est une question de vie ou de mort", estime Ahmed El Beheiry, PDG de Telecom Egypt. "Avec le temps, les gens vont abandonner l'internet fixe et se diriger vers le mobile", prévoit-il.

L'entreprise nationale songeait d'ailleurs depuis longtemps à la téléphonie mobile. Elle a, entre temps, investi dans le premier opérateur du pays, Vodafone Egypt, à hauteur de 45%.

Malgré ce conflit d'intérêt dénoncé par la concurrence et même la NTRA, l'opérateur public ne rencontre pour l'instant aucune entrave.

"On ne peut pas dire que nos concurrents sont des opérateurs faibles, des petits joueurs. Il n'y a pas de terrain plus difficile que celui dans lequel nous entrons", relativise M. Beheiry, qui nie tout favoritisme.

La présence de Telecom Egypt sur tout le territoire à travers son monopole sur les infrastructures fixes est un atout majeur pour WE.

Mais ce monopole pourrait constituer "un grand défi en raison des nombreuses plaintes sur la qualité des services fixe", estime Ahmed Adel, analyste en télécoms à la banque d'investissement Beltone Financial.

Quant au mobile, Telecom Egypt dépend pour le moment du réseau d'Etisalat Misr et devra à terme démontrer "sa capacité à acquérir une part de marché en l'absence de tout avantage opérationnel", c'est-à-dire sans réseau ni infrastructures jusqu'à ce jour, ajoute M. Adel.

Mostafa Abdel-Wahed, le président exécutif de la NTRA, n'a pas souhaité répondre directement aux sollicitations de l'AFP.

"L'entrée du quatrième opérateur mobile contribue à accroître la libre concurrence entre les entreprises au profit des citoyens en termes de qualité des services et de prix", a justifié par courriel la NTRA, ajoutant qu'elle traite "toutes les entreprises à égalité, sans aucune distinction".

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