Les banques ont fermé plus de 1.000 agences en France entre 2008 et 2012 et cette tendance ne devrait pas s'améliorer vu les nouveaux usages des clients et les plans d'économies annoncés.
Entre le début de la crise et la fin de l'année dernière, ce sont plus de 1.100 agences qui ont disparu dans l'Hexagone, indiquent les statistiques estivales de la Banque centrale européenne.
Si le rythme des fermetures s'est tassé en 2012, avec 74 agences de moins sur un an, la contraction du réseau n'est pas terminée pour autant: la banque de détail souffre d'une conjoncture atone et des nouvelles habitudes des clients, dont les déplacements en agence sont de moins en moins fréquent.
En outre, le réseau d'agences français est très dense comme le montre les statistiques de la BCE, qui place le pays à la première place de l'Union européenne en nombre d'agences (38.360).
Le dernier sondage de la Fédération bancaire française (FBF), réalisé en avril, montrait que seuls 17% des Français se rendaient plusieurs fois par mois en agence contre plus de la moitié (52%) il y a trois ans. Parallèlement, l'utilisation d'internet pour la gestion courante des comptes bancaires s'est banalisée.
Le cabinet spécialisé Roland Berger, qui prévoit une contraction de 2% à 4% du nombre d'agences dans les prochaines années, avec des fermetures concentrées dans les grands centres urbains, estime que les banques vont devoir faire baisser leurs frais de gestion pour préserver leur rentabilité, dans un contexte réglementaire difficile.
Parmi les quatre premiers réseaux français, Société Générale est le seul à avoir clairement annoncé des fermetures d'agences en France par la voix de Jean-François Sammarcelli, directeur des activités de banque de détail.
SocGen devrait ainsi fermer "quelques dizaines" d'agences en 2013/2014 sur les quelque 3.250 qu'elle compte aujourd'hui.
Dépoussiérer les relations avec les conseillers
"Les réseaux en France, chez Société Générale comme chez ses confrères, sont confrontés à une rupture assez majeure de leur environnement économique et doivent se transformer", avait expliqué M. Sammarcelli lors de la présentation des résultats 2012.
BNP Paribas, qui a ouvert une banque en ligne européenne, a assuré de son côté que ce lancement ne se traduirait pas par des fermetures d'agences. "Nous croyons à l'avenir du réseau, dans lequel nous allons continuer à investir et innover", avait indiqué alors le directeur général délégué, François Villeroy de Galhau.
Mais sa filiale belge BNP Paribas Fortis a annoncé la fermeture d'ici 2015 de 150 de ses 936 agences en Belgique.
Chez Crédit Agricole comme chez BPCE (Banque Populaire et Caisses d'Epargne), qui comptent beaucoup de branches en zone rurale et doivent annoncer de nouveaux plans stratégiques à l'automne, la direction a indiqué à plusieurs reprises ne pas avoir l'intention de fermer d'agences mais réfléchir à leur modernisation.
BPCE introduit notamment dans des agences pilote des technologies censées dépoussiérer les relations avec les conseillers bancaires.
En revanche, selon des informations de presse, Crédit Agricole devrait supprimer cette année plus de 1.400 postes au sein de ses caisses régionales.
370.000 employés
Les syndicats du secteur s'inquiètent ainsi des conséquences pour l'emploi du redimensionnement du réseau, sachant que la banque emploie en France plus de 370.000 personnes, dont 80% dans la banque de détail.
Dans l'ensemble de l'Union européenne, les banques ont fermé près de 20.000 agences entre 2008 et 2013, dont environ 15.000 dans la zone euro, relève la BCE.
Rien que l'année dernière, ce sont 5.500 agences qui ont fermé leurs portes dans l'UE, dont plus de la moitié en Italie et en Espagne. Ce dernier pays qui comptait le réseau bancaire le plus dense d'Europe lors de l'éclatement de la crise en 2008 et qui a subi de plein fouet l'éclatement de la bulle immobilière, a ainsi perdu près de 8.000 agences en 4 ans.
A l'inverse de la tendance, trois pays européens ont vu le nombre de leurs agences progresser sur la période analysée par la BCE: l'Irlande, l'Autriche et surtout la Pologne (+2.000).