Le groupe Fiat va donner naissance à "Fiat Chrysler Automobiles" (FCA) après sa montée à 100% au capital de Chrysler, mais l'annonce de cet heureux événement n'a pas réussi à vaincre la déception suscitée sur les marchés par ses résultats 2013.
"Un nouveau chapitre de notre histoire commence", s'est félicité le président de Fiat, John Elkann, cité dans un communiqué à l'issue d'un conseil d'administration présenté comme historique. La fusion de Fiat et Chrysler rassemble "deux organisations qui ont chacune une grande histoire dans l'industrie de l'automobile, et des atouts géographiques différents mais complémentaires", souligne-t-il.
"Aujourd'hui est l'un des jours les plus importants dans ma carrière chez Fiat et Chrysler", s'est pour sa part ému l'administrateur délégué de Fiat Sergio Marchionne, stratège de cette union finalement bouclée le 1er janvier après des années de contretemps et difficultés.
De droit hollandais, domicilé fiscalement au Royaume-Uni
Le nouveau groupe, qui devrait se classer au septième rang mondial, sera de droit hollandais et domicilié fiscalement au Royaume-Uni, marchant ainsi sur les traces de sa compagnie parente CNH Industrial. Ce choix ne devrait pas empêcher les différentes sociétés de FCA de payer leurs impôts là où elles sont actives, a promis Fiat en réponse aux inquiétudes récurentes à ce sujet en Italie.
Ses titres seront cotés à New York, peut-être dès le mois d'octobre, puis à Milan en cotation secondaire. L'opération, qui prévoit l'échange des actions Fiat pour des titres FCA, devrait être achevée d'ici la fin de l'année.
Fiat détient officiellement 100% de Chrysler depuis le 21 janvier 2014, suite à la transaction de 4,35 mds USD annoncée le 1er janvier pour le rachat des 41,46% du capital qui lui manquaient. La réorganisation en "constructeur automobile mondial entièrement intégré" restera sans impact sur les usines et les effectifs, notamment en Italie, a-t-il promis.
Le président du conseil Enrico Letta, qui avait eu connaissance mardi en avant-première du projet, a lui aussi voulu dédramatiser l'annonce: "La question du siège légal de Fiat est secondaire, ce qui compte ce sont les emplois, les ventes de voitures, la compétitivité", a-t-il jugé depuis Bruxelles.
Pour le député du Parti démocrate Umberto Marroni en revanche, il s'agit "d'une gifle au pays et au système industriel italien". "Les entreprises de notre pays délocalisent leurs quartiers généraux, appauvrissant notre tissu économique", a-t-il déploré.
Un nouveau logo a été dévoilé, FCA (Fiat Chrysler Automobiles) écrit en lettres bleues, un choix destiné à refléter "l'ampleur mondiale du groupe, sans couper ses racines", explique Fiat.
Mais ces nouveautés n'ont pas suffi à dissiper la mauvaise humeur née auparavant sur les marchés de la publication de résultats financiers 2013 inférieurs aux attentes.
La réaction des investisseurs a été d'autant plus vive qu'ils s'attendaient à de bons résultats. Le titre a terminé la séance en forte baisse de 4,11% à 7,235 euros, dans un indice FTSE Mib en baisse de 0,64%.
Hors exceptionnels, le bénéfice net de Fiat (Chrysler compris) pour l'ensemble de l'année s'est établi à 943 millions d'euros, alors que le consensus d'analystes établi par le groupe tablait sur 1,070 md EUR. Même chose pour le seul 4è trimestre, avec un résultat net de 252 M EUR hors exceptionnels, contre 400 M EUR attendus et le bénéfice opérationnel (931 M EUR contre 1,145 md EUR attendus).
Fiat ne versera pas de dividende
Surtout, Fiat a annoncé qu'il ne verserait pas de dividende au titre de l'exercice 2013 afin de "maintenir un niveau de liquidités équilibré suite à l'acquisition d'une part minoritaire dans Chrysler".
En 2013, le groupe a vendu 4,352 millions de véhicules dans le monde, ce qui le classe très loin du premier de la classe, le japonais Toyota, qui vient de dépasser pour la première fois de l'histoire du secteur la barre symbolique des 10 millions de véhicules produits. FCA espère grimper à 4,5-4,6 millions dès 2014.
Interrogé sur la quête d'un éventuel partenaire en Asie, M. Marchionne a répondu être en "dialogue permanent" avec d'autres sociétés, sans plus de précision.
Pour ce qui est de l'avenir, Fiat a déjà annoncé dans le passé qu'il entendait repositionner le groupe sur des segments plus haut de gamme et plus rentables, en mettant en exergue notamment les marques Alfa Romeo, Maserati et Jeep. Les yeux sont désormais tournés vers le nouveau plan stratégique de long terme qui doit être présenté début mai 2014.