L'offre de reprise du transporteur Mory Ducros par Arcole Industries était en bonne voie d'aboutir jeudi après l'aval de la majorité des syndicats, qui ont obtenu une meilleure indemnisation pour les 3.000 salariés menacés de licenciements et le déblocage progressif des agences.
L'offre a été examinée lors d'un comité d'entreprise (CE) qui a cependant rendu "à l'unanimité" un avis défavorable, purement consultatif, après plus de huit heures de réunion dans un hôtel parisien.
Cet avis n'entrave pas la suite de la procédure et l'examen vendredi de l'offre d'Arcole, principal actionnaire du transporteur, par le tribunal de commerce de Pontoise (Val-d'Oise).
"Je suis assez confiant. Nous sommes en bonne voie pour arriver à une solution positive" vendredi, a déclaré l'administrateur judiciaire Philippe Blériot, à l'issue du CE. "Compte tenu de la levée progressive des blocages d'agences (...) l'entreprise sera demain dans une situation normale qui lui permettra de lever ses conditions suspensives", a-t-il estimé.
Interrogé sur la perte de chiffre d'affaires de Mory Ducros ces dernières semaines, M. Blériot a reconnu que le transporteur avait vu s'échapper "beaucoup plus" que les 20% posés comme condition suspensive à l'offre. La perte serait de l'ordre de 40%, selon une source proche du dossier.
Mais "je reste optimiste, le fonds Arcole n'ayant pas retiré sa proposition malgré cette perte de chiffre d'affaires. Je pense que (...) nous pourrons obtenir la cession de l'entreprise en faveur d'Arcole", a ajouté l'administrateur.
"Nous avons étudié dans le détail ce plan, qui a été construit. Nous croyons à sa viabilité et nous sommes tout à fait confiants sur notre capacité à faire tourner ce nouveau réseau dans la durée", a déclaré pour sa part Jean-Louis Demeulenaere, qui présidera l'entreprise Mory Ducros si l'offre d'Arcole est retenue par le tribunal.
L'accord sur l'offre de reprise conclu jeudi à l'aube avec une majorité des syndicats, sous la houlette du ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, "me paraît tout à fait satisfaisant", a-t-il estimé.
A l'issue de longues négociations, l'enveloppe des indemnités supra-légales prévue pour les salariés qui vont perdre leur emploi, versées en plus des indemnités normales de licenciement, est passée de 21 à 30 millions, soit quelque 10.000 euros par salarié contre 7.000 prévus initialement.
Arcole Industries propose, en outre, de sauvegarder 2.210 emplois sur 5.000, ont rappelé les syndicats CFDT, FO, CFE-CGC dans un communiqué. Ils ont pris "acte des améliorations apportées" et se sont dits "prêtes à signer l'accord collectif" permettant la recevabilité de l'offre.
Cet accord devait encore être formalisé vendredi, avant l'audience au tribunal dans l'après-midi, a précisé Denis Jean-Baptiste, secrétaire du CE (CFDT). Sur cet accord, le CE s'est majoritairement abstenu. Seule la CGT a voté contre.
Levée des blocages
"Les camarades ont bien bagarré pour obtenir 30 millions", a ajouté Alain Charpentier, représentant CGT, seul syndicat non signataire de l'accord, qui a cependant appelé à la levée du blocage des agences.
Le gouvernement a lui aussi estimé que les conditions d'une fin de conflit dans les agences étaient "réunies". Selon lui, l'accord des syndicats CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC permet "la levée des conditions suspensives et donc la recevabilité de l’offre". L'une des conditions suspensives de l'offre d'Arcole était que les salariés s'abstiennent de toute mobilisation sociale d'ici au 31 janvier.
M. Montebourg a précisé que "le gouvernement a mis en place un contrat de sécurisation professionnelle" pour ceux qui seront licenciés garantissant leur salaire pendant un an à 97%. Il s'est aussi félicité que le secteur routier se soit "mobilisé" pour qu'un millier d'offres d'emplois soient destinés aux salariés qui seront licenciés.
La plupart des actions menées pour protester contre les conditions du plan de reprise ont pris fin dans la journée. Le blocage des sites d'Artenay (Loiret) et de Limeil-Brévannes (Val-de-Marne) a été levé. Mais quelques "nœuds" demeuraient: le siège de Gonesse (Val-d'Oise), les agences lyonnaises de Vénissieux, qui doit fermer, et Saint-Priest ainsi que l'agence de Brive (Corrèze), qui va fermer.