La croissance est ressortie en-deçà des attentes au premier trimestre dans la zone euro, avec un Produit intérieur brut (PIB) en hausse de seulement 0,2%, a indiqué jeudi l'office européen des statistiques Eurostat, qui a également révisé à la baisse le chiffre du quatrième trimestre 2013 (de 0,3% à 0,2%).
Les analystes tablaient sur une croissance de 0,4% sur la période de janvier à fin mars mais les données de plusieurs pays, publiées dans la matinée, ont enterré cet espoir et mis en évidence le fait que l'activité a stagné en France, deuxième économie de la région.
Les PIB de l'Italie (-0,1%), du Portugal (-0,7%) et des Pays-Bas (-1,4%) sont de leur côté repassés en territoire négatif en début d'année.
Quant à la Finlande, elle est retombée en récession au premier trimestre en enregistrant un deuxième trimestre consécutif de repli de son PIB (-0,4% comme au quatrième trimestre).
Seule l'Allemagne s'en est sortie avec les honneurs en affichant une croissance de 0,8% au premier trimestre, après 0,4% au trimestre précédent, confirmant son rôle de moteur de la zone euro.
La divergence au sein du couple franco-allemand est "la plus importante constatée depuis le deuxième trimestre 2010", souligne Jennifer Mc Kweon de Capital Economics.
Toutes ces données mettent en lumière le caractère extrêmement poussif et fragile de la reprise économique au sein de la zone euro.
A ce stade, Eurostat ne donne pas de détails sur les composants du PIB mais des données décevantes concernant la consommation, en France notamment, et concernant le commerce extérieur semblent avoir pesé, y compris en Allemagne. Le commerce extérieur, qui a des années durant tiré la croissance outre-Rhin, a en effet joué les freins sur les trois premiers mois de l'année.
C'est "une grande déception", indique Martin Van Vliet de la banque ING, car le chiffre de la croissance "suggère que la zone euro est encore loin d'atteindre la vitesse nécessaire pour une reprise durable".
"Cette reprise est encore beaucoup trop faible pour stopper les pressions déflationnistes", ajoute-t-il encore, ce qui met un peu plus la pression sur la Banque centrale européenne (BCE) pour agir le mois prochain.
"Pour maintenir la croissance sur les rails et lutter contre les pressions déflationnistes, une hausse de l'euro doit être évitée à tout prix", poursuit l'analyste d'ING. Eurostat a publié jeudi également le chiffre de l'inflation pour avril dans la zone euro, confirmé à 0,7%, soit bien loin de l'objectif de la Banque centrale européenne qui est de maintenir une inflation proche, mais inférieure à 2%.
La BCE s'est montrée soucieuse de l'appréciation de l'euro il y a une semaine et a laissé entendre qu'elle était prête à agir le mois prochain s'il le fallait.
Dans une période où l'inflation est basse de manière prolongée, le niveau de l'euro représente "une inquiétude sérieuse" pour la BCE, a déclaré son président Mario Draghi, lors de la réunion mensuelle de politique monétaire jeudi dernier.