par Yimou Lee et Twinnie Siu
HONG KONG (Reuters) - Les chefs de file du mouvement pro-démocrate de Hong Kong ont annoncé samedi qu'ils libéreraient les accès aux bâtiments publics pour permettre aux fonctionnaires de reprendre le travail lundi, mais ont exclu de mettre fin aux rassemblements en cours depuis une semaine.
Des dizaines de milliers de personnes manifestent quotidiennement dans plusieurs quartiers de Hong Kong pour réclamer la démission du chef de l'exécutif local, Leung Chun-ying, et exiger un authentique suffrage universel pour le scrutin prévu en 2017, sans sélection préalable des candidats par le pouvoir chinois.
De son côté, Leung a une nouvelle fois mis en garde contre les risques de dérapage du mouvement de contestation, susceptibles, a-t-il déclaré samedi à la télévision, d'avoir de "graves conséquences sur la sûreté publique et l'ordre social".
Il a ajouté que le plus urgent était de lever le blocus du siège du gouvernement afin que "les 3.000 fonctionnaires et employés gouvernementaux puissent travailler normalement et servir nos concitoyens".
Son appel a été entendu par Benny Tai, un des fondateurs du mouvement "Occupy Central", créé en janvier 2013, qui a annoncé dans la soirée que les manifestants laisseraient les fonctionnaires reprendre le travail.
"Notre seule cible, c'est CY (Leung), et pas d'autres responsables du gouvernement. Avec cette ouverture, CY n'aura aucune raison, aucun prétexte pour disperser notre occupation et propager de fausses rumeurs", a-t-il dit à plusieurs milliers de manifestants réunis tard samedi soir.
Dans la nuit précédente, des incidents ont éclaté entre manifestants et partisans du gouvernement dans le quartier populaire de Mong Kok.
D'après la chaîne locale de télévision RTHK, des membres supposés des "triades", les organisations criminelles qui contrôlent une partie des bars et des boîtes de nuit de Mong Kok, se sont mêlés aux contre-manifestants.
Huit d'entre eux auraient été interpellés par la police, que de nombreux habitants accusent de coopérer avec les "triades". Et la Fédération étudiante de Hong Kong a menacé pour sa part de boycotter les discussions prévues avec le pouvoir en raison de sa collusion présumée avec le crime organisé.
"Nous condamnons les violences d'hier (ndlr, vendredi) contre des civils à Hong Kong", a déclaré un autre leader étudiant, Joshua Wong. "Je trouve ironique, après une semaine de manifestations pacifiques, de voir que les gens qui nous accusent d'être violents et radicaux sont ceux qui aujourd'hui recourent à la violence, ce gouvernement qui laisse les triades brutaliser des manifestants pacifiques."
Dans un communiqué, Amnesty International reproche de son côté à la police de Hong Kong d'avoir failli "à sa mission de protection de centaines de manifestants pro-démocrates pacifiques agressée par des contre-manifestants".
Le ministre de la Sécurité, Lai Tung-kwok, a rejeté ces allégations.
(Henri-Pierre André pour le service français)