par Louis Charbonneau et Frederik Dahl
VIENNE (Reuters) - L'Iran et les puissances du "P5+1" ont décidé de prolonger les négociations sur le programme nucléaire de Téhéran jusqu'au 30 juin prochain, a annoncé lundi le chef de la diplomatique britannique.
La prolongation des discussions a été confirmée du côté iranien par l'agence de presse Irna qui précise que les modalités de l'accord intérimaire conclu à Genève l'an dernier sont prolongées.
Des "progrès importants" ont été réalisés dans les dernières discussions entamées mardi dernier à Vienne, a déclaré Philip Hammond à la presse. Son homologue russe Sergueï Lavrov a pour sa part parlé de "progrès substantiels".
Un objectif clair a été fixé : atteindre un "accord de principe" sur le fond d'ici trois mois, a ajouté le secrétaire britannique au Foreign Office. Sergueï Lavrov a dit espérer cet accord sur les "principes de base" d'un document final d'ici "trois à quatre mois".
Les discussions reprendront en décembre dans un lieu non encore décidé. Pendant ces prolongations, Téhéran restera éligible à un allègement des sanctions d'une valeur de 700 millions de dollars par mois, a-t-il précisé.
Le prochain cycle de discussions pourrait se tenir de nouveau à Vienne, mais Oman est également cité.
Les négociateurs du groupe du P5+1 (les cinq membres du Conseil de sécurité de l'Onu Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie + l'Allemagne) et de l'Iran discutent depuis mardi dernier à Vienne et étaient censés s'entendre sur un accord définitif d'ici ce lundi soir.
L'objectif du P5+1 est de réduire les capacités iraniennes d'enrichissement de l'uranium en échange d'une levée progressive des sanctions qui frappent l'Iran depuis 2007.
"TERRIBLE"
Le président Hassan Rohani a prévu de s'addresser à la nation iranienne sur cette question lundi, rapporte l'agence officielle Irna sans préciser l'heure de l'allocution.
En milieu de matinée, un responsable européen participant aux discussions, au palais Coburg, avait indiqué que la possibilité d'un accord définitif dans les délais semblait "physiquement impossible".
Un négociateur iranien avait déclaré dès dimanche à l'agence de presse iranienne Isna qu'"au regard du peu de temps qu'il reste avant la date butoir et du nombre considérable de questions qui doivent être discutées et auxquelles il faut répondre, il est impossible d'atteindre un accord d'ensemble définitif d'ici le 24 novembre". (voir )
Désormais, si les deux parties parviennent à un accord, ce sera vraisemblablement après le changement officiel de majorité au Congrès américain où les républicains, partisans d'une ligne dure envers l'Iran, domineront les deux chambres à partir de janvier. Les élus les plus intransigeants ont menacé de demander de nouvelles sanctions contre l'Iran si aucun progrès ne ressort des discussions.
Dès les premières informations sur le non respect de la date limite du 24 novembre, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a fait part de sa satisfaction.
"L'absence d'accord vaut mieux qu'un mauvais accord", a-t-il déclaré à la BBC selon l'extrait d'une vidéo diffusée par ses services. "L'accord que prônait l'Iran était terrible. Un accord aurait mis l'Iran en capacité d'enrichir l'uranium pour une bombe atomique tout en supprimant les sanctions."
"Le bon accord dont on a besoin, a-t-il ajouté, est de démanteler la capacité de l'Iran à fabriquer des bombes atomiques et seulement ensuite de supprimer les sanctions. Puisque ce n'est pas dans les tiroirs, le résultat est mieux, beaucoup mieux."
(Avec Jonathan et Allen Mehrdad Balali, Henri-Pierre André et Danielle Rouquié pour le service français, édité par Pierre Sérisier)