La banque allemande Commerzbank, qui doit absolument renforcer ses fonds propres, a annoncé lundi vouloir rembourser une partie de sa dette pour y parvenir, mais les investisseurs restaient sceptiques et le groupe était puni en Bourse.
Commerzbank prévoit de rembourser de manière anticipée pour 600 millions d'euros de dette. Elle va lancer à cet effet une offre aux investisseurs détenteurs de certains fonds de placement fiduciaires ("preferred trust securities"), courant du 5 décembre au 13 décembre, selon un communiqué.
Ce rachat est "un pas de plus vers le renforcement de la structure de capital en vue du passage aux nouvelles règles comptables" du secteur bancaire, a expliqué la banque.
Commerzbank espère réaliser une bonne affaire via cette transaction, car le prix qu'elle propose aux investisseurs pour racheter sa dette ne représente plus que la moitié de la valeur de ces créances au moment de leur émission, a expliqué un porte-parole à l'AFP.
Les titres hybrides concernés ont en effet perdu beaucoup de leur valeur, et même en proposant aux investisseurs un prix supérieur à celui du marché, l'établissement y gagne, a-t-il précisé.
"Tout cela dépend bien sûr de la réponse des investisseurs" à l'offre, a-t-il toutefois reconnu.
Les investisseurs étaient sceptiques : à la Bourse de Francfort l'action Commerzbank chutait de 8,5%, à 1,37 euro, vers 10H30 GMT, bonne dernière de l'indice Dax en hausse de près de 1% à la même heure.
Car même en cas de succès, cette opération n'est qu'une "goutte d'eau" pour combler le besoin de recapitalisation du groupe : "Chacun sait qu'il reste encore un besoin de 4 à 4,5 milliards d'euros", a déclaré l'analyste Michael Rohr, de la banque Silvia Quandt, à l'AFP.
Fin octobre le superviseur bancaire européen EBA avait provisoirement calculé un besoin de recapitalisation de 2,9 milliards d'euros pour Commerzbank, mais ce chiffre pourrait être nettement revu à la hausse, en raison de l'aggravation de la crise de la dette en zone euro.
L'EBA doit publier une nouvelle estimation des besoins de recapitalisation des banques européennes dans les prochains jours.
La banque a déjà prévu de se séparer de nombreux actifs et geler toute nouvelle activité dans ses activités marginales afin que ses fonds propres durs ("core Tier one") s'élèvent à 9% d'ici le 30 juin 2012, le délai fixé par l'EBA.
Mais "le temps lui manque" et elle devra peut-être en arriver à vendre "les bijoux de famille" comme sa filiale polonaise BRE Bank ou sa banque en ligne comdirect, ce qui aurait pour effet négatif d'amoindrir considérablement ses revenus, a encore estimé M. Rohr.
En outre, même si Commerzbank a assuré ne pas vouloir d'aide publique ni d'augmentation de capital, la presse allemande croit savoir qu'en cas de besoin, l'Etat allemand, qui en détient déjà 25% plus une action, est prêt à nationaliser la banque pour de bon, ou à racheter sa filiale en difficulté Eurohypo, très affectée par la crise de la dette.
Interrogé par l'AFP, un porte-parole du ministère des Finances n'a fait aucun commentaire.