Victoire pour la Fondation MPS: l'assemblée des actionnaires de la Banca Monte Paschi di Siena (MPS) a fixé à juin la date de la recapitalisation de la plus vieille banque du monde, contrairement à ce que préconisaient ses dirigeants qui militaient pour janvier.Convoquée pour approuver une énorme augmentation de capital de 3 milliards d'euros, l'AG a voté à 82,04% samedi la proposition de la Fondation, une entité sans but lucratif, fixant la recapitalisation à la fin du deuxième trimestre 2014, soit juin.Premier actionnaire avec 33,5% du capital de la banque, la Fondation avait entamé ces dernières semaines un bras de fer avec le patron de BMPS, Alessandro Profumo, ancien président de la première banque italienne Unicredit pendant 13 ans.M. Profumo et son administrateur délégué Fabrizio Viola s'étaient engagés à ce que la recapitalisation ait lieu en janvier, alors que la Fondation, elle-même contrôlée par des institutions locales dont la mairie et la province de Sienne, berceau de BMPS fondée en 1472, demandait plus de temps, jusqu'à mai/juin 2014.Pour le journal La Stampa, l'AG de a vu s'affronter d'un côté, "un vieux briscard du secteur bancaire venu d'ailleurs" qui avait mis sa démission dans la balance et de l'autre, "toute une ville (Sienne, ndlr), avec à sa tête une femme jeune et prête à la bagarre, Antonella Mansi" (39 ans), présidente de la Fondation MPS et vice-présidente de Confindustria, le patronat italien.Pressé de questions sur son éventuel départ, Alessandro Profumo a rétorqué qu'une démission "ne se faisait que de sang froid". Un conseil d'administration se tiendra "courant janvier" et "à ce moment-là, nous examinerons la situation", a dit le patron de la troisième banque italienne."Aujourd'hui, nous avons la certitude que l'augmentation de capital se fera bien, même si demain, nous serons toujours dans le flou: je ne dis pas qu'elle ne se fera pas mais pour moi, elle reste incertaine", a-t-il regretté.De facto, selon Elena Bonanni du site spécialisé Firstonline.info, le vote de l'AG est un camouflet pour M. Profumo même si Mme Mansi a assuré qu'il "ne s'agit pas d'un acte de défiance à l'égard du management" mais "de survie" pour la Fondation.Le maire de Sienne, Bruno Valentini, a aussi cherché à apaiser les tensions en soulignant que ni M. Profumo, ni M. Viola, "ne seraient mis à la porte"."Une partie de leur proposition a été rejetée mais leur plan de restructuration a bien été approuvé", s'est-il félicité.Très endettée, la Fondation (dont le patrimoine s'est réduit de 6 milliards en 2008 à moins d'un milliard pour financer les déboires de BMPS) demandait des délais car elle cherche à vendre une portion de sa participation pour pouvoir souscrire l'augmentation de capital et rester un actionnaire de référence.Mme Mansi, à la tête de la Fondation depuis seulement trois mois, avait estimé que son patrimoine risquait d'être "détruit" si l'entité cédait ses parts dans la précipitation et au rabais.Mais tout retard ultérieur pourrait s'avérer critique pour la banque alors que le feu vert de la Commission européenne au plan de sauvetage est conditionné par sa recapitalisation et le remboursement d'au moins 70% des crédits alloués par l'Etat italien, d'ici la fin 2014.La banque est depuis toujours l'un des piliers économiques de Sienne, finançant les hôpitaux, l'université, des activités culturelles et le Palio, la course de chevaux qui a rendu Sienne célèbre dans le monde entier.Si les fonds prêtés par l'Etat (4,1 milliards d'euros sous forme d'obligations, les "Monti bonds") n'étaient pas restitués à temps, la banque pourrait perdre son indépendance et être nationalisée.L'origine des ennuis de BMPS, autrefois l'une des banques les plus riches et prestigieuses d'Europe, remonte, selon les médias italiens, à son rachat en 2007 de la banque AntonVeneta à l'espagnole Santander pour 9,3 milliards d'euros, un prix jugé surévalué d'au moins 3 milliards.Pour masquer le manque à gagner, l'ancienne direction est accusée d'avoir investi dans des produits dérivés toxiques qui ont généré d'énormes pertes. Le scandale a éclaté en 2012 précipitant le départ des dirigeants dont le numéro un de BMPS Giuseppe Mussari et l'ouverture d'une enquête judiciaire sur l'hypothèse de malversations autour de ces opérations.