par Benjamin Mallet
PARIS (Reuters) - Areva n'a pas de problème de trésorerie à court terme mais doit travailler sur sa stratégie et sa structure financière à moyen terme pour sortir du "cercle vicieux du surendettement", a déclaré mercredi son directeur général délégué, Philippe Knoche.
Le groupe d'énergie nucléaire, dont l'Etat français contrôle près de 87% du capital, a annoncé le 18 novembre la suspension de ses objectifs financiers pour 2015 et 2016, ce qui a soulevé la question de son éventuelle recapitalisation.
Standard & Poor's a dans la foulée abaissé les notes de la dette d'Areva, maintenant une perspective "négative" sur le groupe en raison des incertitudes sur le niveau de sa consommation de trésorerie en 2014 et en 2015.
"Le groupe ne fait pas face à un problème de trésorerie à court terme. Nous disposons de plus de deux milliards d'euros de trésorerie en banque, qui sont en face de sept milliards de dettes brutes, mais il n'y a aucun sujet de trésorerie à court terme", à déclaré Philippe Knoche lors d'une audition à l'Assemblée nationale.
"Pour le moyen terme, néanmoins, il convient de se mettre dès aujourd'hui (...) au travail pour sortir du cercle vicieux du surendettement", a-t-il ajouté.
L'endettement financier net total de la société s'élevait à 4.734 millions d'euros au 30 juin, contre 4.468 millions à la fin 2013.
Selon les données Thomson Reuters, Areva devra faire face à 1,25 milliard d'euros de dettes arrivant à échéance en 2016, représentant près de 20% de sa dette encore en circulation.
Philippe Knoche a rappelé que le groupe avait déjà réduit ses coûts et ses investissements au court des dernières années mais que ces efforts ne suffisaient plus et qu'il travaillerait d'ici à février 2015 à un plan complet passant par un renforcement de ses efforts de compétitivité et une révision de sa structure financière.
PRESSIONS, CONCURRENCE ET MARCHÉS DÉGRADÉS
"Dans ces axes de travail, il y a le développement encore plus fort de nos partenariats avec l'Asie et avec les pays en croissance puisqu'il y a une demande forte, à la fois dans le nucléaire et les renouvelables sur ces zones-là", a-t-il ajouté.
"Le deuxième point est de gagner en compétitivité et en flexibilité. Nous réalisons un tiers de notre chiffre d'affaires en France, nous avons plus de la moitié de nos effectifs en France, c'est une fierté, mais (...) que ce soit en France ou à l'international nous sommes soumis à des pressions et de la concurrence forte dans des marchés dégradés."
Areva employait environ 45.000 personnes à fin 2013.
Interrogé sur l'impact du plan à venir sur l'emploi en France, Philippe Knoche a dit : "Nous avons quelques chantiers à ouvrir, ils sont connus des organisations syndicales, nous en discuterons avec la tradition du dialogue social qui est celle du groupe Areva (...) Ça sera bien entendu spécifique à chacune des activités en France, tout en tenant compte de la situation globale du groupe."
Le dirigeant a ajouté que la gestion des grands projets, qu'il s'agisse de l'EPR finlandais ou de celui de Flamanville (Manche), était "l'un des enjeux forts de l'entreprise".
Confronté aux retards et surcoûts du chantier du réacteur EPR finlandais et au glissement du calendrier de redémarrage des centrales nucléaires au Japon, Areva subit les effets d'un marché en berne pour les services aux centrales existantes et les nouvelles constructions de réacteurs.
Philippe Knoche s'est vu confier en octobre à titre provisoire les responsabilités qui étaient celles du président du directoire d'Areva, Luc Oursel, indisponible pour raisons de santé.
Il est pressenti pour devenir directeur général d'Areva dans le cadre de la nouvelle gouvernance du groupe, l'Etat ayant en outre choisi Philippe Varin pour assurer la présidence du futur conseil d'administration de la société.
(Edité par Dominique Rodriguez)