Le dossier de la reprise de la compagnie maritime SNCM revient mercredi devant le tribunal de commerce de Marseille, dans un contexte marqué par un nouveau coup de théâtre: le désistement du groupe Stef, dont le partenaire Baja Ferries porte désormais seul une nouvelle offre.
Le 25 septembre, le tribunal avait renvoyé pour la énième fois le dossier au 14 octobre: quatre offres étaient alors en lice, portées par Stef associé à Baja Ferries, par l'ex-directeur du port de Marseille Christian Garin, par le groupe corse Rocca et par Corsica Maritima, un consortium d'entrepreneurs insulaires.
Mais vendredi, le groupe de transport et de logistique Stef a annoncé qu'il renonçait à son offre de reprise des activités "Corse" de la SNCM --dans leur offre conjointe, Baja Ferries reprenait de son côté les activités "Maghreb"-- faute d'avoir obtenu notamment un feu vert des autorités de la concurrence européennes lui garantissant qu'il n'aurait pas à rembourser à l'Etat plus de 400 millions d'euros d'aides publiques considérées comme illégales par Bruxelles.
C'est l'une des clés de ce dossier extrêmement complexe: pour échapper à ce fardeau financier, les candidats doivent faire la preuve de la "discontinuité économique" de leur projet. En clair, la compagnie qui naîtra de la reprise de la SNCM, placée en redressement judiciaire en novembre 2014, doit être suffisamment différente de la compagnie actuelle pour ne pas avoir à rembourser les 400 millions.
Mais l'abandon de Stef n'a pas fait baisser les bras à Baja Ferries, qui a présenté, dans un courrier daté du 9 octobre dont l'AFP a obtenu copie, son nouveau projet: une reprise sous pavillon français de l'intégralité des activités de la SNCM, prévoyant de conserver 750 employés en CDI, sur un peu plus de 1.400.
Evoquant son nouveau projet, Baja Ferries assure dans ce courrier que "les efforts déployés depuis le 10 juin dernier (lui) ont permis d'obtenir, en sus des ressources propres du groupe, un financement de 50 millions de dollars (environ 44 millions d'euros) auprès de financeurs externes".
-Nouveau report ?-
Le groupe assure aussi s'être mis d'accord avec la Méridionale - filiale de Stef et co-délégataire avec la SNCM de la délégation de service public (DSP) de continuité territoriale vers la Corse - pour assurer les liaisons vers la Corse jusqu'à la conclusion d'une nouvelle DSP.
"Si toutefois vous deviez considérer que notre offre ne peut pas être examinée lors de l’audience du 14 octobre prochain, nous vous demandons, dans la mesure où cette offre constitue l’unique proposition de reprise intégralement financée et est en outre présentée par le seul candidat ayant une activité d’armateur, de bien vouloir fixer, lors de cette audience, un nouveau et bref délai d’amélioration des offres", conclut Baja Ferries.
Dans un rapport rendu avant l'audience du 25 septembre, les administrateurs judiciaires avaient appelé le tribunal à rejeter l'offre conjointe Stef-Baja Ferries, jugeant que le projet de scinder la SNCM en trois compagnies posait "des difficultés juridiques majeures", et celle de Christian Garin, "totalement obscure" quant à ses partenaires industriels et/ou financiers.
Réunis en comité d'entreprise, les représentants des salariés avaient quant à eux rejeté à l'unanimité les quatre offres, qui prévoyaient toutes la suppression d'environ la moitié des emplois de la compagnie, comme, du reste, la nouvelle offre de Baja Ferries.
Jeudi, Corsica Maritima a de son côté prévenu qu'il n'excluait pas de lancer sa propre compagnie maritime alternative si son offre n'était pas retenue par le tribunal. "Ce qui est certain, c'est que nous n'accepterons plus durant les 60 prochaines années ce que nous avons subi ces 60 dernières années", a expliqué le président du consortium, François Padrona, responsable de supermarchés Leclerc en Corse, en référence à la relation parfois compliquée qu'entretenaient les entreprises corses avec la SNCM.