La société Spanghero a décidé de cesser son activité de négoce de viande, au coeur de sa mise en cause dans le scandale de la viande de cheval.
C'est dans le cadre de cette activité, qui consiste à acheter et à entreposer des blocs de viande congelée pour les revendre tels quels à des clients, que Spanghero s'est retrouvée en première ligne du scandale.
La société est en effet accusée par la répression des fraudes d'avoir sciemment revendu plusieurs centaines de tonnes de viande censée être du boeuf mais qui contenait également du cheval.
Un peu plus tôt le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, annonçait que la suspension de l'agrément sanitaire pour cette activité était toujours de mise, des "investigations complémentaires" s'avérant nécessaires compte tenu du rapport de la Brigade d'enquête vétérinaire et phytosanitaire.
"Les conclusions de cette enquête conduisent à maintenir la suspension de l'agrément sanitaire" de l'un des deux entrepôts, utilisé pour le stockage de la viande, et "à maintenir les produits stockés ou y entrant sous contrôle officiel", précise le ministère.
Stéphane Le Foll a exprimé clairement ses préventions envers certaines pratiques de la société Spanghero, qui emploie plus de 300 salariés à Castelnaudary (Aude), en exigeant "des contrôles officiels renforcés pour superviser l'utilisation des produits en stocks ou entrant dans l'entrepôt" visé.
Sans attendre une hypothétique levée de cette suspension, la société a pris les devants et décidé de mettre un terme à cette activité.
"En amont des conclusions de l'enquête des services vétérinaires, nous avions d'ores et déjà décidé d'arrêter cette activité de négoce car elle ne représente que 2% du chiffre d'affaires de Spanghero", a expliqué le président de l'entreprise, Barthélémy Aguerre.
La société entend désormais se concentrer sur les autres activités du groupe --viande à la découpe, préparation de viande et de viande hachée, élaboration de plats cuisinés-- qui constituent "le coeur de métier de l'entreprise".
L'agrément sanitaire de Spanghero SAS, suspendu à la suite de la découverte de viande de cheval dans des plats préparés, avait été rétabli lundi pour ces activités.
Dans l'attente de l'enquête néerlandaise
De fait, hormis deux lots de viande congelée nécessitant des investigations complémentaires, les autres produits examinés chez Spanghero ont été "jugés comme conformes" et pourront être utilisés et transformés dans les plats préparés par Spanghero.
"Les contrôleurs n'ont décelé aucune anomalie dans les activités de plats cuisinés, de découpe et préparation de viande de l'entreprise. C'est un message très positif envoyé aux clients de l'entreprise et aux consommateurs", s'est félicité le maire de Castelnaudary, Patrick Maugard (PS).
En attendant, la direction de Spanghero a annoncé lors d'un comité d'entreprise des mesures de chômage partiel et a accepté, selon un représentant syndical, de verser les compléments de salaires pour février.
Ce responsable syndical a ajouté que des commandes avaient été enregistrées et que la production de plats cuisinés et de viande transformée allait repartir, sans toutefois préciser à quelle échelle.
Parallèlement, Paris a demandé aux autorités néerlandaises "de communiquer les informations sur l'enquête conduite dans les entrepôts par lesquels ces produits ont transité", "compte tenu du rôle central que semble tenir un trader localisé aux Pays-Bas", a précisé le ministère de l'Agriculture.
La viande de cheval, partie de Roumanie, a transité pour une durée non déterminée aux Pays-Bas, via des intermédiaires chypriotes et néerlandais, avant d'arriver chez Spanghero.
La répression des fraudes (DGCCRF) a estimé que le trafic de viande de cheval, revendue comme du boeuf aux industriels, avait concerné 750 tonnes livrées à Spanghero en six mois au moins, dont 550 vendues à l'entreprise Comigel, le fabricant de surgelés vendus à au moins 28 entreprises dans 13 pays européens.
Dernier en date, le groupe de surgelés Iglo a annoncé à son tour vendredi le retrait "à titre de précaution" de plusieurs produits en Belgique, Irlande, Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, après la découverte de viande de cheval dans du chili con carne produit par un fournisseur belge.