par Blandine Henault
PARIS (Reuters) - Les interrogations sur les politiques monétaires des grandes banques centrales ont encore dominé en ce début de deuxième semestre et devraient continuer à alimenter la nervosité des investisseurs durant l'été.
Les marchés d'actions pourraient néanmoins trouver du soutien du côté de la microéconomie avec le lancement de la saison des publications de résultats d'entreprises pour le deuxième trimestre.
Les anticipations de normalisation des politiques monétaires, en particulier en Europe, ont provoqué une nouvelle hausse des rendements obligataires cette semaine et pesé parallèlement sur les actions.
L'indice Stoxx 600 devrait afficher une quasi-stabilité sur la semaine, échappant ainsi à une cinquième semaine consécutive de baisse, ce qui aurait constitué une première depuis juin 2013. Outre-Atlantique, le S&P 500 est en passe d'enregistrer un repli hebdomadaire de l'ordre de 0,3%.
La perspective d'un relèvement des taux a aussi favorisé la poursuite de la rotation sectorielle des valeurs technologiques vers le compartiment financier, et de la thématique "value" contre "growth".
"TAPERING" EN VUE EN EUROPE
Sur les marchés obligataires, le rendement de l'emprunt d'Etat allemand à 10 ans, qui évoluait encore autour de 0,24% fin juin, a franchi cette semaine le seuil de 0,5% pour la première fois depuis janvier 2016.
Le mouvement de vente sur les obligations européennes a notamment été accéléré par la publication du compte-rendu de la dernière réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) qui a montré que l'institution était prête à franchir une nouvelle étape dans le processus d'abandon graduel de sa politique d'assouplissement quantitatif.
La prochaine réunion monétaire de la BCE est prévue le 20 juillet mais les stratèges taux de Natixis s'attendent plutôt à des annonces lors de la réunion prévue le 7 septembre.
A cette occasion, l'institution de Francfort pourrait annoncer officiellement une réduction des achats d'actifs mensuels à partir de janvier 2018, de l'ordre de 30 milliards à 40 milliards d'euros, estiment ces stratèges.
Si la question des taux devrait être abordée ultérieurement par la BCE, un resserrement monétaire ne serait pas sans impact sur le marché obligataire.
"Il est difficile d'estimer l'ampleur de la hausse potentielle des rendements mais il est indéniable que la BCE est de loin le principal acheteur net sur les marchés d'emprunts d'Etats", indiquent les stratèges de Natixis.
JANET YELLEN DEVANT LE CONGRÈS
Aux Etats-Unis, les investisseurs restent encore dans le flou concernant le rythme du resserrement de la politique monétaire de la Réserve fédérale lors des prochains mois.
Le compte-rendu de la réunion des 13 et 14 juin n'a pas permis d'apporter plus d'éclaircissements. Au contraire, il a montré que les responsables de la banque centrale étaient de plus en plus divisés sur les perspectives d'inflation.
Dans ce contexte, les chiffres des prix à la consommation aux Etats-Unis pour le mois de juin, attendus vendredi prochain, attireront l'attention. Surtout après l'annonce d'une hausse moins forte que prévu du salaire horaire moyen en juin, en dépit d'un niveau élevé de créations d'emploi.
Plusieurs interventions de responsables de la Fed sont également prévues tout au long de la semaine prochaine, avec en point d'orgue l'audition semestrielle devant le Congrès de la présidente de l'institution, Janet Yellen.
Avec la publication avancée ce vendredi à 15h00 GMT du rapport semestriel de politique monétaire, les discours de Janet Yellen prévus mercredi et jeudi devant la Chambre des Représentants et le Sénat devraient réserver moins de surprises, observent toutefois les économistes de Scotiabank.
La Fed tient sa prochaine réunion de politique monétaire les 25 et 26 juillet. Avant cela, la Banque du Canada rendra mercredi sa décision avec une hausse des taux largement attendue.
"Il se peut, évidemment, que la volatilité augmente alors que les marchés digèrent l'éventualité d'un moindre soutien des banques centrales mais nous considérons ce changement de posture des banquiers centraux comme une très bonne nouvelle : cela signale que la reprise économique est enfin auto-entretenue et qu'elle est beaucoup moins dépendante des politiques monétaires non-conventionnelles", indiquent les économistes de Scotiabank.
NOUVELLE CROISSANCE ATTENDUE DES BÉNÉFICES
Face aux doutes sur les politiques à venir des banques centrales, l'actualité des entreprises devrait revenir sur le devant de la scène avec le bal des publications de résultats pour le deuxième trimestre.
Si le rythme des révisions bénéficiaires à la hausse s'est atténué sur le dernier mois, les analystes attendent encore une croissance significative des résultats en Europe comme aux Etats-Unis.
Selon le consensus établi par Thomson Reuters I/B/E/S, les analystes tablent en moyenne sur une progression de 8% du bénéfice par action des entreprises du S&P 500 au deuxième trimestre, après une hausse de 15,3% pour les trois premiers mois de l'année.
La saison des publications entrera dans le vif du sujet dès vendredi prochain avec une salve de résultats attendus dans le secteur bancaire ( Citigroup (NYSE:C), JPMorgan et Wells Fargo).
En Europe, la croissance des bénéfices devrait atteindre 9,6%, selon Thomson Reuters I/B/E/S. Les premières publications de résultats sont attendues à partir du 19 juillet, avec Electrolux et Swatch Group.
(édité par Patrick Vignal)