La Bourse de Shanghai a enregistré cette année l'une des pires performances mondiales, plombée par des crises de liquidité dans le système bancaire, rappelant aux actionnaires qu'ils restent à la merci des tours de vis de Pékin.En juin, puis à nouveau en décembre, un resserrement par les autorités de la liquidité disponible a provoqué un vent de panique sur le marché interbancaire et fait tanguer violemment les indices boursiers.Si l'on y ajoute un net ralentissement de la deuxième économie mondiale au premier semestre, l'indice composite de la Bourse de Shanghai a finalement perdu 6,75% cette année, selon sa clôture au 31 décembre."L'instabilité du système financier, et la perspective de voir se poursuivre le durcissement de la politique monétaire, contribuent à entretenir la volatilité du marché boursier", a observé Shen Yun, analyste de BOC International.Parmi les grandes places mondiales, Shanghai a donc enregistré l'une des plus faibles performances cette année: par comparaison, le Nikkei 225 à Tokyo a bondi de plus de 55%, le CAC 40 parisien a gagné 17,5%, tandis que Wall Street enregistre sa meilleure année depuis 1996.De son côté, le Hang Seng Index du marché hong-kongais n'a gagné sur l'année qu'un modeste 2,6%, mais termine au moins 2013 en terrain positif.La Banque populaire de Chine (PBOC), désireuse d'enrayer l'envolée du crédit et la fièvre des investissements spéculatifs, a tenté cette année de restreindre ses injections de liquidités dans le système financier.En juin, ce brusque tour de vis avait affolé les établissements bancaires, les rendant de plus en plus réticents à se prêter de l'argent entre eux et menaçant in fine leur capacité à se financer et à accorder des prêts aux entreprises.Un marché sensible à l'attitude des autorités centralesEn contrecoup, l'indice composite de la Bourse de Shanghai s'est écroulé de 5,3% le 24 juin, sa plus forte chute journalière depuis août 2009.Cet avertissement n'a pas empêché que la même situation se répète quasiment à l'identique en décembre.En neuf jours de replis consécutifs, Shanghai a perdu 6,9% avant qu'une intervention de la banque centrale ne vienne rasséréner les investisseurs."Le marché boursier a toujours été extrêmement sensible à la moindre action ou changement d'attitude des autorités centrales", a commenté Zhang Gang, analyste du cabinet Central China Securities.De fait, le gouvernement conserve un contrôle important sur l'ensemble de l'économie et sur la vie boursière elle-même: c'est de lui que dépendent notamment les approbations pour des introductions en Bourse.Le régulateur des marchés financiers avait suspendu toute autorisation en ce sens il y a plus d'un an pour remédier à la surabondance de titres et préparer une réforme du système d'introduction en Bourse.Cette suspension a officiellement pris fin, et quelque 760 entreprises sont désormais en attente d'une cotation, ont annoncé les autorités début décembre.désintérêt des petits actionnairesCe qui ne dissipe pas le scepticisme de certains experts: "Cela apparaît comme une réforme en faveur d'(une liberté accrue) des marchés, mais en réalité, cela implique toujours une forme d'administration" par le gouvernement, a souligné un courtier shanghaïen sous couvert d'anonymat.Ces nouvelles règles, qui devraient aussi inclure un renforcement de la supervision des finances des groupes cotés, "c'est comme jeter de l'eau glacée sur un marché chauffé à blanc par de grands espoirs de réformes", a-t-il poursuivi.De fait, la faiblesse du marché boursier intervient en dépit d'une croissance économique de 7,8% au troisième trimestre.Les projets de Pékin de rééquilibrer l'économie chinoise au détriment des industries lourdes, qui connaissent de fortes surcapacités, ont également contribué à plomber l'indice shanghaïen, où ces groupes industriels ont un poids important."Si on regarde vers l'avenir, la plupart des actions devraient fluctuer au gré des évolutions macroéconomiques, sans recul ni gain exceptionnel", avance M. Zhang.Autre raison expliquant le repli de la Bourse shanghaïenne, le désintérêt des petits actionnaires eux-mêmes. Alors que l'indice shanghaïen n'avait progressé que d'un maigre 3,17% en 2012, les investisseurs chinois se sont tournés vers des alternatives jugées plus rémunératrices --même si le choix est drastiquement limité par les autorités.L'immobilier --dont les prix n'ont cessé de flamber tout au long de l'année--, les produits financiers proposés par les banques --dont l'offre ne cesse de se diversifier et de prospérer--, mais aussi la monnaie virtuelle bitcoin ont ainsi pu être préférés à la bourse.