par Ron Bousso
LONDRES (Reuters) - Le bénéfice de BP (LON:BP) a diminué de près d'un tiers au premier trimestre par rapport aux trois mois précédents tout en ressortant au-dessus des attentes, la hausse de la production et des activités de trading compensant le recul des prix du pétrole et du gaz et la baisse des marges dans le raffinage.
La contre-performance du premier trimestre interrompt un an et demi de remontée des profits du groupe pétrolier britannique après le retournement subi par le secteur à compter de 2014.
"Nous avons dégagé un résultat et un cash-flow solides au cours d'une période volatile qui a débuté avec des conditions de marchés médiocres et a connu des revirements significatifs", a déclaré le directeur général Bob Dudley dans un communiqué.
Vers 10h45, l'action BP gagne près de 0,5% à 555 pence à la Bourse de Londres, contre un gain de 0,19% pour l'indice européen du secteur pétrolier. Elle affichait une progression de 11,4% depuis le début de l'année à la clôture de lundi et avait atteint un plus haut de plus de six mois en séance le 23 avril à 583,41 pence.
Les profits des activités "aval" (raffinage et distribution) ont chuté de près de 20% avec le recul des marges et de moindres rabais sur le pétrole lourd approvisionnant la raffinerie de BP, d'une capacité de 413.500 barils par jour, à Whiting dans l'Indiana.
Le recul a été en partie compensé par une amélioration des résultats des activités de trading, qui ont souvent permis dans le passé à BP de composer avec des marchés volatils, et par une hausse des profits dans l'activité de distribution prise isolément du raffinage.
BP ne publie les résultats de ses activités de trading.
La performance de l'aval contraste avec celle de compagnies concurrentes comme les américaines Exxon Mobil (NYSE:XOM) et Chevron (NYSE:CVX), dont les activités de trading sont de plus petite taille que celles de BP. Elles ont accusé un recul plus important qu'attendu de leurs profits en raison de la faiblesse des prix de l'essence aux Etats-Unis. Exxon a même fait état de la première perte sur ses activités de raffinage depuis 2009.
Total (PA:TOTF) a aussi enregistré un recul de ses profits au premier trimestre. Royal Dutch Shell (AS:RDSa) publiera ses résultats pour la période jeudi.
Les marges de raffinage sont reparties à la hausse en avril, soutenues par des tensions sur l'offre d'essence du fait d'une série d'arrêts prévus et imprévus de raffineries partout dans le monde.
LÉGÈRE HAUSSE DU TAUX D'ENDETTEMENT
Le bénéfice récurrent aux coûts de remplacement, la définition retenue par BP du bénéfice net, s'est établi à 2,4 milliards de dollars (2,15 milliards d'euros) au premier trimestre contre 2,3 milliards attendu par le consensus des analystes réalisé par l'entreprise. Il était ressorti à 2,6 milliards pour la période correspondante un an auparavant et à 3,5 milliards sur les trois derniers mois de 2018.
Le flux de trésorerie opérationnel, qui avait atteint un plus haut de quatre ans au dernier trimestre de 2018, a chuté de plus de 20% à 5,3 milliards de dollars.
"Nous restons positifs sur le profil de croissance à moyen terme de BP et l'amélioration de ses flux de trésorerie", a commenté Biraj Borkhataria, analyste chez RBC Capital Markets, dans une note.
La production de gaz et de pétrole, hors participation de BP dans le russe Rosneft, a progressé de 2% par rapport à la période correspondante de 2018, grâce à l'acquisition du portefeuille d'actifs de pétrole et de gaz de schiste de BHP et aux lancements de nouveaux projets.
Le taux d'endettement a très légèrement augmenté à 30,4% à fin mars sous l'effet de l'acquisition des actifs de BHP et d'un changement de méthodes comptables. La dette nette s'établissait à 45,1 milliards de dollars.
BP a dit s'attendre à "une hausse significative" des activités de maintenance dans le raffinage au deuxième semestre.
(Marc Joanny pour le service français, édité par Bertrand Boucey)