A la Bourse de New York, les courtiers restent sur leurs gardes mais espèrent trouver dans les chiffres sur les ventes de voitures, l'activité ou l'emploi aux Etats-Unis les signes d'une croissance robuste justifiant une nouvelle poussée des indices.
Au cours des quatre dernières séances (lundi était férié aux Etats-Unis) le Dow Jones Industrial Average, indice vedette de la Bourse de New York, a gagné 0,67% à 16.717,17 points, un niveau jamais atteint auparavant.
Le Nasdaq, à dominante technologique, s'est adjugé 1,36% à 4.242,62 points.
L'indice élargi Standard & Poor's 500 est monté de 1,21% à 1.923,57 points, terminant une nouvelle fois à son plus haut niveau historique.
Qu'il s'agisse des indices sur l'activité manufacturière lundi, sur les ventes de voitures mardi, sur l'activité dans les services mercredi et surtout sur l'emploi vendredi, tous concernant le mois de mai, "on ne s'attend pas à de grandes déceptions", assure Sam Stovall de S&P Capital IQ.
"On pourra toujours avoir occasionnellement un chiffre un peu négatif mais les indicateurs restent majoritairement positifs. Le ciel semble dégagé", ajoute-t-il.
Mais si la salve de statistiques attendue au cours des prochaines séances se révélait dans l'ensemble décevante, les observateurs craignent un retour de bâton.
"Même si le marché parvient encore à enfiler des records, on décèle quelques signaux d'alarme, des indices suggérant que les investisseurs jouent la sécurité", explique le gestionnaire de portefeuille indépendant Hugh Johnson.
La baisse continue des taux d'intérêt est le reflet, selon lui, d'une attirance marquée pour le marché obligataire considéré comme moins risqué.
- rebond économique en perspective -
Sur le marché des actions, les courtiers ont par ailleurs tendance à favoriser les valeurs sûres, comme les entreprises à forte capitalisation ou les secteurs peu volatils comme ceux des télécoms ou des produits de consommation courante.
"Les investisseurs estiment que les actions sont devenues un peu chères et que le potentiel d'une progression à venir est limité", estime Hugh Johnson.
Pour Sam Stovall, les acteurs du marché pourraient aussi être sensibles à quelques éléments techniques, comme le fait que cela fait 32 mois que les indices n'ont pas connu un recul mensuel de 10% ou plus, alors que c'est un événement qui survient tous les 18 mois en moyenne depuis la Seconde guerre mondiale.
Il s'étonne également du très faible niveau de l'indice de volatilité, qui reflète la nervosité des investisseurs boursiers: "c'est comme la marée basse qui précède le tsunami", dit-il, rappelant que le Produit intérieur brut a marqué au premier trimestre sa première contraction en trois ans.
Mais après des mois difficiles en début d'année, "tous les éléments s'alignent en faveur d'un rebond de l'économie" , assure Brent Schutte de BMO Private Bank. "D'ailleurs, les gens n'ont pas révisé à la baisse leur anticipation d'inflation, ce qu'ils feraient s'ils pensaient que l'économie s'apprête à s'effondrer", ajoute-t-il.
Et si les taux d'intérêt ont nettement baissé ces derniers temps, c'est selon lui à cause de la Banque centrale européenne: les investisseurs anticipent l'annonce d'une baisse de son taux directeur lors de sa réunion de politique monétaire jeudi et préfèrent dès lors se tourner vers les obligations américaines, au rendement plus certain.
Tout signe de faiblesse serait toutefois malvenu selon lui. "Au cours des trois à quatre dernières années, on n'avait pas besoin d'une croissance forcément très forte puisque la Fed (la banque centrale américaine) était prête à venir à la rescousse en injectant encore un peu plus d 'argent dans l'économie", explique-t-il. "Mais c'est fini, la Fed est en train de ralentir son programme de soutien à l'économie."
Les investisseurs étudieront quand même avec attention le Livre beige de la Fed, un rapport de conjoncture économique publié mercredi, deux semaines avant le prochain comité de politique monétaire de l'institution.