PARIS (Reuters) - Nicolas Hulot a mis en garde mercredi les distributeurs "qui se gavent un peu" dans la vente des fruits et légumes "bio", les invitant à demi-mot à réduire leurs marges afin d'élargir l'offre à tous les ménages français.
Invité de franceinfo, le ministre de la Transition écologique et solidaire a déclaré, sans les citer, que les grandes enseignes seraient mises "devant leurs responsabilités" dans le cadre des Etats généraux de l'alimentation.
Lancés le 20 juillet, ces Etats généraux, qui réunissent jusqu'à la mi-novembre producteurs, industriels, distributeurs, associations de consommateurs et ONG environnementales, visent à revaloriser la situation des agriculteurs, à freiner la guerre des prix dans la distribution et à répondre aux nouvelles attentes des consommateurs.
Selon une étude de l'association UFC-Que Choisir publiée mardi, un panier "bio" dans la grande distribution est 79% plus cher que son équivalent en produits conventionnels.
"Si les coûts de production sont plus élevés en bio qu'en agriculture conventionnelle (rendements plus faibles, main-d'œuvre relativement plus importante, coûts des contrôles et de la certification...), ceci n'explique qu'à peine la moitié du surcoût payé par les consommateurs", souligne l'association, qui dénonce les "marges exorbitantes" des grandes enseignes.
"Entre les producteurs et les consommateurs, il y a parfois des gens qui se gavent un peu. On va les mettre devant leurs responsabilités", a réagi Nicolas Hulot.
"Si cette histoire-là est avérée - et je ne soupçonne pas l'impartialité de l'UFC-Que Choisir -, en creux il y a une bonne nouvelle", a-t-il estimé.
"En réduisant ces marges, on va rendre le 'bio' et les produits de qualité et de proximité accessibles à chaque citoyen et ça ne sera pas simplement réservé comme l'on dit aux 'bobos'", a-t-il ajouté.
La Fédération du commerce et de la distribution (FCD) a réfuté les conclusions de l'étude d'UFC-Que Choisir, faisant valoir que le taux de marge brute (différence entre le prix public hors taxes et le prix à l'expédition) sur les fruits et légumes bio était en moyenne équivalent à celui pratiqué sur les fruits et légumes conventionnels.
"Les coûts de production des fruits et légumes bio sont plus élevés que les produits conventionnels compte tenu des taux de rendement inférieurs à la production, des différences de conditionnement... comme le relève d’ailleurs l’UFC", souligne notamment la fédération professionnelle dans un communiqué diffusé mardi. "Il apparaît donc particulièrement illogique de pointer du doigt les conséquences de causes que l’on relève soi-même."
(Sophie Louet, édité par Dominique Rodriguez)