La volatilité, qui sert à mesurer le risque sur les marchés financiers, a retrouvé ses niveaux d'avant-crise, signe d'un regain de confiance des investisseurs beaucoup moins enclins à protéger leurs portefeuilles même si de nombreuses incertitudes continuent à peser.
L'indice américain VIX, connu sous le nom d'"indice de la peur", est l'un des principaux instruments pour mesurer la volatilité, c'est-à-dire le stress des investisseurs. Il évolue à son plus bas niveau depuis le printemps 2007. La tendance est similaire pour son homologue européen (V2X).
Ces indices s'étaient envolés après le dépôt de bilan de la banque américaine Lehman Brothers en septembre 2008, illustrant la nervosité extrême des marchés.
Plusieurs événements participent au calme actuel.
"Les banques centrales de la planète ont tout fait pour écarter le risque systémique, une des composantes majeures de la volatilité", souligne Emmanuel Bourdeix, co-directeur de la gestion chez Natixis AM.
Le discours, en juillet dernier, du président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, prêt "à tout pour sauver l'euro", a amorcé le mouvement.
La mise en place d'un programme illimité de rachat de dette par l'institut de Francfort, les avancées institutionnelles en Europe, les signaux de reprise en Chine et aux Etats-Unis ainsi que les mesures exceptionnelles de soutien à l'économie de la Réserve fédérale américaine ont considérablement renforcé cette tendance.
"Aujourd'hui, l'investisseur, en quête de rendement à tout prix, préfère vendre de la volatilité à travers des produits dérivés, plutôt que placer son argent dans d'autres actifs qui ne lui rapportent plus grand chose vu la faiblesse actuelle des taux d'intérêts", note Alexandre Hezez, responsable de la gestion chez Convictions AM.
Mais cette faible volatilité n'est pas sans risque. Elle conduit en effet les investisseurs à beaucoup moins protéger leurs portefeuilles. Une stratégie dangereuse alors qu'un certain nombre de risques (récession plus sévère que prévu dans certains pays d'Europe, incertitude sur l'impact des coupes budgétaires aux Etats-Unis...) pèsent encore sur les marchés.
"Nous conseillons aux épargnants de profiter de la faible volatilité actuelle pour protéger leur portefeuille à bas prix", commente Michaël Levy, l'un des responsables de la gestion chez 360 AM.
De l'avis des analystes, l'indice de la peur devrait tout de même se maintenir à des niveaux faibles en 2013 car les grandes banques centrales de la planète vont être enclines à maintenir les taux d'intérêt encore très bas pour tenter de stimuler l'économie.
"Cela n'empêchera pas d'éventuels pics de fièvre comme on en a connu en toute fin d'année dernière avant l'accord sur +le mur budgétaire+ aux Etats-Unis", souligne M. Bourdeix.
Le VIX avait bondi de près de 30% entre le 18 et le 28 décembre. En cause: la crainte des investisseurs de voir les Etats-Unis replonger dans la récession en cas d'échec des démocrates et des républicains à s'entendre pour éviter à la première économie mondiale une cure d'austérité forcée. Le compromis arraché in extremis en tout début d'année a fait replonger le VIX.