PARIS (Reuters) - Nicole Belloubet, nommée mercredi au ministère de la Justice, est d'une certaine façon le contraire de son prédécesseur, François Bayrou : juriste de formation, engagée en politique mais sans l'ambition de l'ancien candidat à la présidentielle et jusqu'à présent inconnue du grand public.
Cette agrégée de droit public quitte à 62 ans le Conseil constitutionnel, où elle siégeait depuis 2013, pour prendre la place laissée vacante par le président du MoDem, en partance pour cause de soupçons d'emplois fictifs de son parti au Parlement européen.
Dans le deuxième gouvernement d'Edouard Philippe, elle devra donc porter la nouvelle législation sur la moralisation de la vie publique, un chantier emblématique du quinquennat ouvert par François Bayrou.
Celle qui se définit comme une "Aveyronnaise pur sucre" a un long passé au Parti socialiste mais c'est aussi en technicienne, titulaire d'un doctorat, plutôt qu'en pure politique qu'elle s'attellera à cette tâche.
Nicole Belloubet a consacré une grande partie de sa vie au droit, qu'elle a enseigné à partir du début des années 1990 à l'université de Paris-I puis à celle d'Evry-Val d'Essonne et enfin à Sciences Po Toulouse.
En 2001, elle est chargée par le ministre de l'Education d'alors, Jack Lang, de rédiger un rapport sur les violences sexuelles à l'école et un autre sur l'avenir du lycée.
Sa première incursion en politique remonte à 1989, lorsqu'elle se fait élire au conseil municipal de Saint-Rémy-lès-Chevreuse, dans la grande banlieue parisienne.
En 2008, elle devient première adjointe au maire PS de Toulouse, Pierre Cohen, avant de s'asseoir dans le fauteuil de première vice-présidente du Conseil régional de Midi-Pyrénées, un bastion de la gauche socialiste.
Elle abandonne son mandat politique en 2013 lorsque le président du Sénat de l'époque, Jean-Pierre Bel (PS), la nomme au Conseil constitutionnel - en théorie pour neuf ans.
"L'action politique me manque", disait-elle en 2013 à la Dépêche du Midi.
(Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)