PARIS (Reuters) - Bruno Le Maire compte mettre en place un "cloud national stratégique" permettant de sécuriser les données stratégiques des entreprises françaises sans que les autorités américaines ne puissent y accéder en application du "Cloud Act" américain.
Face à cette législation constituant "une rupture de souveraineté (...) pas acceptable", le ministre de l'Economie et des Finances plaide pour une "réponse offensive" qui consiste à "avoir des instruments de stockage des données souverains en France".
"Il faut que nous ayons un cloud stratégique qui permette de stocker des données stratégiques et de les protéger", a-t-il déclaré lors d'une intervention mardi devant des membres de la Chambre de commerce américaine en France (AmCham).
Voté en mars 2018 aux Etats-Unis, le "Cloud Act" est une loi qui oblige les entreprises américaines et leurs filiales à l'étranger à fournir les données de leurs utilisateurs, y compris lorsqu'elles sont stockées hors des Etats-Unis, en cas de demande émanant des autorités américaines.
Bruno Le Maire a précisé que les opérateurs français devraient lui soumettre d'ici la fin de l'année une proposition formelle sur un dispositif technique de stockage "qui garantisse l'indépendance et la souveraineté" sur un certain nombre de données stratégiques.
Pour éviter que "n'importe quelle agence américaine (ne puisse) récupérer sur un serveur américain (...) des données qui auraient été stockées par une entreprise européenne (...) sans avertir l'entreprise concernée", le ministre français souhaite également qu'un accord soit conclu sur la judiciarisation de ce dispositif.
"Il faut que nous ayons un accord entre les Etats-Unis et l'Europe sur la manière dont ce 'Cloud Act' doit fonctionner, sous le contrôle du juge et non pas sous la coupe des administrations", a-t-il plaidé.
(Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)