TOKYO (Reuters) - Les grandes entreprises japonaises prévoient l'an prochain de redistribuer leurs liquidités excédentaires à leurs actionnaires plutôt qu'augmenter les rémunérations des salariés, selon une enquête effectuée par Reuters qui vient contrecarrer la volonté du Premier ministre Shinzo Abe de voir augmenter les salaires.
Les salaires réels baissent depuis 17 mois au Japon et un inversement de tendance est indispensable si Shinzo Abe veut tenir sa promesse de relancer la consommation et de sortir le pays de deux décennies de déflation et de croissance anémique.
Mais à peine une entreprise sur dix prévoit d'augmenter les salaires en 2015, selon l'enquête effectuée auprès de 47 firmes pendant la semaine du 15 décembre. Plus de 70% comptent affecter leurs réserves de trésorerie à des hausses de dividendes ou à des rachats d'actions, et la plupart privilégient l'investissement sur les salaires.
Malgré la hausse de leurs bénéfices, les entreprises expliquent qu'elles rechignent à augmenter les salaires de peur de ne pouvoir répercuter ces coûts supplémentaires sur leurs prix de vente.
Selon des données de la banque centrale, les entreprises non financières détenaient un montant record de 233.000 milliards de yens (1,59 milliard d'euros) de trésorerie disponible à fin septembre, un chiffre en hausse de 12% depuis l'arrivée au pouvoir de Shinzo Abe il y a deux ans et qui représente près d'un quart de leurs actifs.
Les réformes structurelles de Shinzo Abe "ne porteront leurs fruits que si les entreprises montrent une volonté de coopération" et revalorisent leurs salaires, a déclaré mercredi dernier le ministre des Finances Taro Aso.
Sur les 47 firmes interrogées par Reuters, seules six, parmi lesquelles la chaîne de magasins de proximité Seven & i Holdings Co et le groupe chimique Mitsubishi Chemical Holdings ont fait part de leur intention d'augmenter les salaires l'an prochain.
(Thomas Wilson, Véronique Tison pour le service français)