A l'approche d'élections qui détermineront sa future marge de manoeuvre, le président Barack Obama se démène pour convaincre les Américains du bien-fondé de sa politique économique et sociale, une tâche difficile en période de chômage obstinément élevé.
"Nous avons traversé la pire période économique depuis la Grande dépression" des années 1930, a rappelé mercredi M. Obama face à un petit groupe d'Américains réunis dans le jardin d'une maison de Columbus (Ohio, centre), dont il avait auparavant rencontré en tête à tête les occupants, une famille de la classe moyenne.
"Lorsque j'ai pris mes fonctions il y a environ 18 mois, nous avions déjà perdu plusieurs millions d'emplois, et nous étions sur le point d'en perdre plusieurs millions de plus", a assuré M. Obama, en insistant sur "les mesures d'urgence" qui ont selon lui évité une autre dépression, le plan de relance de 787 milliards de dollars adopté au début de sa présidence.
Les Etats-Unis sont sortis de la récession il y a un an. "Nous avons donc effectué des progrès, mais, soyons honnêtes, les progrès n'ont pas été assez rapides", a reconnu M. Obama. L'économie, faute de croissance suffisante, peine toujours à créer des emplois et le taux de chômage officiel reste bloqué à 9,5%, un niveau très élevé pour les Etats-Unis.
"L'économie se renforce, mais elle a vraiment subi un gros traumatisme, et nous n'allons pas récupérer tous ces huit millions d'emplois perdus du jour au lendemain", a avoué M. Obama.
"C'est comme se remettre d'une maladie. Chaque jour, on devient un peu plus fort, et on progresse un peu plus", a encore dit le président, qui avait auparavant discuté des bénéfices de son plan de relance avec les occupants de la maison, Joe et Rhonda Weithman, flanqués de leurs deux enfants autour de la table de leur cuisine.
Les Weithman avaient été de toute évidence choisis par la Maison Blanche car ils illustrent à la perfection ce que la présidence défend comme le succès de sa politique de relance et de renforcement de la protection sociale.
A la tête d'un petit cabinet d'architecture, Joe Weithman "a pu garder deux employés" malgré la baisse de l'activité due à la récession économique, et ce grâce à "une augmentation des travaux d'infrastructures" découlant du plan de relance, selon la présidence.
De son côté, Mme Weithman "a pu conserver sa couverture maladie grâce aux subventions" gouvernementales, tandis que l'un de leurs enfants, atteint d'une maladie, ne pourra pas être rejeté par les compagnies d'assurance, la réforme de l'assurance-maladie promulguée par M. Obama en mars ayant interdit ces pratiques.
Cette volonté de l'équipe Obama de vanter l'efficacité des mesures adoptées depuis 18 mois, en particulier en matière économique, répond à l'incrédulité de nombreux Américains face au bilan des démocrates dans ce dossier, alors que les élections législatives du 2 novembre approchent.
Le chômage, les coupes claires dans les budgets des Etats, le colossal déficit fédéral et la déprime persistante de l'immobilier se ressentent sur le moral des électeurs et nourrissent la crainte d'un vote-sanction pour les alliés démocrates de M. Obama, actuellement majoritaires aux deux chambres du Congrès.
Si les républicains devaient contrôler tout ou partie du pouvoir législatif, le président verrait sa marge de manoeuvre fortement réduite à deux ans de la fin de son mandat.
Selon un récent sondage Gallup, 59% des Américains interrogés désapprouvent la façon dont M. Obama gère l'économie. Et 57% critiquent sa gestion du dossier de l'assurance-maladie, alors qu'il s'agit d'une des mesures phares de son bilan.