La dévaluation de la monnaie chinoise secouait significativement mercredi les marchés financiers mondiaux, inquiets de voir l'un des moteurs de l'économie mondiale donner de sérieux signes d'essoufflement.
Dans une semaine qui s'annonçait comme une des plus calmes de l'année, en plein cœur de l'été, la décision de Pékin mardi d'abaisser le niveau de référence du yuan, pour tenter de relancer son activité en plein trou d'air, a fait l'effet d'une douche froide.
Les investisseurs ont eu à peine le temps de digérer la nouvelle, que le gouvernement remettait le couvert et accentuait sa dévaluation, après avoir pourtant assuré la veille qu'il s'agissait d'une "action unique".
Mercredi sur les marchés mondiaux, le résultat était sans appel: les Bourses asiatiques ont accusé le coup - Tokyo a clôturé en baisse de 1,6%, Hong Kong de 2,38% et Shanghai de 1,06% - et les Bourses européennes leur emboîtaient le pas après avoir déjà pas mal souffert la veille.
Vers 12H00 (10H00 GMT), la Bourse de Paris perdait 2,76%, celle de Francfort 2,30%, Londres 1,34%, Madrid 2% et Milan 2,30%.
"La Chine pèse lourdement sur les marchés depuis 48 heures", résume Alexandre Baradez, un analyste de IG France.
"Le marché s'était dit que les autorités resteraient tranquilles pendant quelques jours après la première dévaluation mais la deuxième a surpris parce qu'elle est très rapprochée", selon M. Baradez.
Les investisseurs ont également été perturbés par le fort ralentissement de la production industrielle en Chine en juillet, avec une hausse de 6% sur un an, très en-deçà des attentes des analystes qui confirme une fois de plus le trou d'air que traverse la deuxième économie mondiale.
Ce chiffre "n'a pas rassuré les marchés", ce qui alimente l'idée que la Chine dévalue sa monnaie "pour limiter le ralentissement économique qui aura un impact sur l'Europe et les États-Unis", explique M. Baradez.
- Les investisseurs jouent la sécurité -
A l'inverse le marché de la dette souveraine, traditionnel refuge en cas d'agitation, voyait les investisseurs à la recherche de sécurité affluer.
Vers 12H00 (10H00 GMT) le taux d'emprunt à 10 ans de l'Allemagne se détendait ainsi à 0,615% contre 0,632% la veille. Celui de la France suivait le même chemin à 0,920% (contre 0,929%). Celui des États-Unis évoluait à 2,008% (contre 2,141%).
Sur le marché obligataire, plus un titre est recherché plus son prix monte et plus son taux d'intérêt baisse.
Autre effet collatéral, les prix des matières premières, pétrole en tête, dont la Chine est une grande consommatrice étaient aussi tirés vers le bas.
Sur le marché des changes, la décision chinoise mettait sous pression les devises des pays émergents, à l'instar de la monnaie russe en plein dégringolade mercredi matin. L'euro montait pour sa part face à un dollar affaibli. A 11H30 (09H30 GMT) la monnaie unique européenne valait 1,1131 dollar contre 1,1042 dollar mardi vers 21H00 GMT.
"La Chine semble s'être découvert une passion pour les interventions sur les changes", a commenté Chris Beauchamp, un spécialiste des changes de la société IG, pour qui "si le spectre d'une guerre des monnaies était inquiétant mardi, il semble palpable" mercredi.
"La progression du dollar a mécaniquement renforcé le yuan face aux autres devises alors que les salaires continuent à augmenter en Chine, ce qui dégrade la compétitivité du pays", ont noté pour leur part les analystes de Aurel BGC.
La question qui se pose désormais "est la suivante : le yuan peut-il entrer dans un cycle durable de dépréciation ?", se sont-ils interrogé en estimant toutefois que "Pékin ne voudra sans doute pas donner l'impression que la baisse du yuan est partie pour durer, ce qui pourrait provoquer une accélération des sorties de capitaux".