L'UE peut faire face temporairement à un arrêt des fournitures de gaz russe transitant par l'Ukraine, mais à prix fort, et elle doit investir dans des infrastructures pour le gaz liquéfié si elle veut réduire sa dépendance vis à vis de Moscou, a annoncé mercredi la Commission européenne.
L'Union européenne "reste très vulnérable", car elle importe depuis dix ans 53% de sa consommation en énergie, ce qui lui coûte 1 milliard de dollars par jour, et "le principal fournisseur est la Russie pour 39% de ses achats de gaz et 33% de ses achats de pétrole", a souligné le président de l'exécutif bruxellois José Manuel Barroso.
Chargée en mars par les dirigeants européens de travailler sur les options pour réduire cette dépendance, la Commission européenne a livré mercredi deux énormes documents: une étude sur la sécurité énergétique et un plan d'actions.
Ces options font du "développement des renouvelables", à "l'exploitation du charbon, nucléaire et gaz de schiste".
Elles constituent "un très bon paquet", avait commenté José Manuel Barroso lors d'une conférence sur l'énergie le 21 mai à Bruxelles. Il va les mettre sur la table lors du sommet européen organisé à Bruxelles les 26 et 27 juin.
- Réduction de la consommation interne -
Mais en cas de crise dès cet hiver, si Gazprom (MCX:GAZP) devait couper les fournitures de gaz à l'Ukraine en l'absence d'accord sur le règlement de sa dette, l'Union européenne pourrait se trouver en difficultés, reconnaît-t-on de source européenne.
L'UE a acheté 133 milliards de m3 de gaz à la Russie en 2013 et 63 milliards de m3 ont transité par l'Ukraine.
Si le transit est interrompu, l'UE peut se tourner vers ses autres fournisseurs et puiser dans ses réserves. Les Etats membres ont actuellement 47,3 milliards de m3 dans leurs citernes, soit 58,6% de leurs capacités de stockage.
Mais ils devront faire montre de solidarité avec les partenaires les plus affectés par la rupture des approvisionnement. Les réserves ne permettront en outre pas de tenir sur une longue période, à moins d'imposer une réduction de la consommation interne dans les pays les plus dépendants.
Les Européens peuvent également se tourner vers leurs autres fournisseurs traditionnels, notamment la Norvège, mais ce pays est actuellement "à la limite de se capacités et ne pourrait fournir un surplus de 130 millions de m3 par jour que pendant quelques jours", a indiqué une source européenne.
Augmenter les achats de gaz naturel liquéfié est aussi une alternative, mais les prix sont plus élevés que le gaz russe, a-t-on expliqué.
Les Etats peuvent enfin se tourner vers Gazprom pour qu'il augmente les quantités transitant par Northstream, le gazoduc qui arrive directement en Allemagne. Mais cette solution renforce la dépendance vis à vis de Moscou et fait le jeu du président russe Vladimir Poutine qui a appelé les Européens à soutenir la construction de gazoducs contournant l'Ukraine.