SHANGHAI/TOKYO (Reuters) - Le chinois Didi Chuxing et le japonais SoftBank Group vont créer dans le courant de l'année une entreprise de services de transport au Japon, dans un contexte de bataille mondiale visant à contrôler les technologies au coeur de la mobilité urbaine.
L'arrivée au Japon de Didi confirme la volonté du géant chinois des véhicules de transport avec chauffeur (VTC) de se développer au-delà de son marché domestique, mais dans ce pays il devra faire face à la pression des compagnies de taxis qui ferraillent contre toute déréglementation du secteur.
Au Japon, les services de VTC sont strictement encadrés et excluent d'emblée les chauffeurs non professionnels, notamment pour des raisons de sécurité. En outre, les plates-formes mobiles de mise en relation entre usagers et chauffeurs sont réservées aux seules de flottes de taxis actuels.
Les deux entreprises ont dit dans un communiqué vouloir tester des services de mise en relation au Japon cette année. SoftBank est déjà actionnaire de Didi, une entreprise valorisée à plus de 50 milliards de dollars (40,72 milliards d'euros) et qui a levé quatre milliards de dollars en décembre pour financer son expansion mondiale.
Les groupes technologiques comme Didi et l'américain Uber Technologies, ainsi que des constructeurs automobiles traditionnels, cherchent tous à prendre un avantage décisif sur le marché des nouveaux services de mobilité, comme l'auto-partage et les robots-taxis, dans la perspective de l'avènement des véhicules autonomes et électriques.
Depuis l'an dernier, Didi a accéléré son développement en dehors de la Chine, après y avoir scellé une alliance avec la filiale locale d'Uber en 2016, mettant fin à une guerre qui a coûté à l'entreprise américaine environ deux milliards de dollars.
"PRINCE DES TAXIS"
Le groupe chinois est toutefois confronté à des défis de plus en plus importants au niveau national, notamment un ralentissement de la croissance, l'arrivée de nouveaux concurrents locaux et le mécontentement des chauffeurs concernant la baisse de leur rémunération.
En janvier, Didi a annoncé avoir pris le contrôle de 99, le leader brésilien du secteur, dans une transaction évaluée, selon des sources, à un milliard de dollars.
La société cherche également à percer au Mexique et étend sa présence dans des régions en dehors de la Chine continentale, notamment à Hong Kong et Taiwan.
Cette semaine, Didi a annoncé un service d'auto-partage dans les véhicules électriques avec 12 constructeurs automobiles, dont des partenaires locaux de Ford (NYSE:F) Motor et l'alliance formée par Renault (PA:RENA), Nissan (T:7201) Motor et Mitsubishi Motors.
"Je peux prédire que dans un an, si vous êtes un voyageur chinois à l'extérieur du pays, partout où vous irez, vous aurez la possibilité d'utiliser Didi pour effectuer une course, et cela permettra à la société de fidéliser sa clientèle actuelle", commente Kirk Boodry, analyste chez New Street Research.
SoftBank de son côté détient des participations dans Didi, son concurrent indien Ola et le groupe d'Asie du Sud-Est Grab. Le mois dernier, le groupe japonais est aussi devenu le principal actionnaire d'Uber.
Son fondateur et directeur général, Masayoshi Son, a déclaré cette semaine qu'au regard des changements survenus sur le marché de l'automobile, les plates-formes de demande de VTC "pourraient être mieux valorisées que le secteur de l'automobile lui-même".
Jeudi, Toyota (T:7203) Motor a annoncé qu'il prendrait une participation dans le service de VTC JapanTaxi, créé par Nihon Kotsu, la principale compagnie de taxis du Japon, dont le président Ichiro Kawanabe, surnommé le "prince des taxis", s'est vigoureusement opposé à toute déréglementation.
(Adam Jourdan à Shanghai et Sam Nussey à Tokyo, Claude Chendjou pour le service français, édité par Marc Joanny)