Les exportations de la Chine ont rebondi en juin mais ses importations ont encore plongé alors que, sur fond d'affaiblissement de la demande internationale et de renforcement du yuan, le pays a vu son commerce extérieur chuter de 7% sur l'ensemble du premier semestre.
Les exportations de la deuxième économie mondiale ont grimpé de 2,8% sur un an le mois dernier à 192 milliards de dollars (+2,1% si exprimées en yuans), selon l'administration des Douanes.
Un rebond bien au-delà de ce qu'anticipaient les analystes interrogés par l'agence Bloomberg (+1,2%), après trois mois de repli consécutifs.
Les importations, elles, ont chuté pour le huitième mois d'affilée, reculant de 6,1% sur un an à 145,48 milliards de dollars -- un plongeon toutefois moins sévère que la prévision médiane du marché (-16,2%) et très en-deçà de l'effondrement de 18,1% enregistré en mai.
Au final, l'excédent commercial du géant asiatique aura gonflé le mois dernier de 47,5% à 46,54 milliards de dollars, mais moins qu'attendu.
"Tout cela suggère que la demande intérieure de la Chine a commencé à se ressaisir", commente Louis Kuijs, analyste basé à Hong Kong pour Royal Bank of Scotland.
"Après l'extrême fragilité des cinq mois précédents, les chiffres de juin sont encourageants. Ils montrent une dynamique de reprise, un signal positif pour le reste du monde", a-t-il déclaré à l'AFP.
En particulier pour des pays comme l'Australie qui approvisionnent la Chine en matières premières, à même de se féliciter des hausses de volumes importés.
- Boulet du yuan fort -
Pour autant, l'embellie apparaissait timide, après plusieurs mois où importations et exportations du pays, numéro un mondial des échanges de biens manufacturés, s'enfonçaient de concert.
Sur l'ensemble du premier semestre, le volume du commerce extérieur chinois s'est contracté de 6,9% à 1.880 milliards de dollars. On est très loin de l'objectif d'une hausse annuelle d'"environ 6%" affiché par Pékin.
Le gouvernement avait abaissé en mars l'objectif de +7,5% adopté les années précédentes. Mais la nouvelle cible pourrait s'avérer tout aussi difficile à atteindre.
En 2014, la Chine avait enregistré un excédent record, sur fond de stagnation des importations et de nette décélération des exportations (en hausse d'environ 6% sur l'année tout de même).
Or le chemin reste semé d'embûches.
"Le recul des cours des matières premières (en glissement annuel) aggrave la baisse en valeur des importations", a argumenté lundi Huang Songping, porte-parole des Douanes.
De surcroît, "l'affaiblissement de la demande étrangère" est "un facteur principal" pénalisant les échanges chinois.
"Le coût de nos exportations est trop élevé, ce qui plombe notre compétitivité", s'est désolé M. Huang, pointant le renchérissement de la main-d'oeuvre chinoise (notamment par rapport à la concurrence des pays d'Asie du sud-est) mais aussi la forte appréciation du yuan.
Le yuan s'est renforcé de 0,2% face au dollar durant le premier semestre, de 2,2% contre le yen et de près de 7% par rapport à l'euro,n alors que l'UE est le premier partenaire commercial de Pékin.
Or, sur les six premiers mois de 2015, le volume des échanges de la Chine avec l'Union européenne s'est réduit de 6,7% sur un an, tandis que le commerce chinois avec le Japon reculait de 10,6%.
- Essoufflement de croissance -
Le sursaut de juin ne doit pas non plus oblitérer une conjoncture intérieure dans l'ensemble toujours morose -- en dépit des coups de pouce répétés de la banque centrale.
Le secteur manufacturier continue de se contracter, la consommation des ménages reste désespérément terne et la récente dégringolade des Bourses a inquiété.
Le commerce chinois "a lourdement trébuché au premier semestre, accusant le coup d'une demande extérieure sans élan et d'un yuan plus cher", observe Li-Gang Liu, économiste de la banque ANZ. "Comme le yuan devrait se maintenir à un niveau élevé jusqu'à la fin de l'année, la priorité pour le gouvernement sera désormais de doper la demande intérieure".
Même raisonnement de la maison de courtage Nomura, pour qui "les assouplissements monétaires devraient se poursuivre" en soutien à une économie chinoise "toujours fragile". Elle prévoit une nouvelle baisse des taux d'intérêt d'ici à décembre.
Pékin vante ses efforts de "rééquilibrage", désireux de développer la consommation et le secteur des services, et de favoriser "une montée en gamme" des exportations.
Toutefois, alors que la Chine devrait enregistrer cette année sa plus faible croissance économique depuis un quart de siècle, les autorités s'efforcent d'éviter un atterrissage brutal et affichent leur volonté de préserver l'emploi.