Le procureur de la République de Toulouse "fera connaître la position du parquet" vendredi après-midi au lendemain du jugement de relaxe générale prononcé par le tribunal correctionnel de Toulouse dans le procès de l'explosion de l'usine AZF, a indiqué le procureur.
Le procureur de la République, Michel Valet, a indiqué vendredi matin à l'AFP qu'il organiserait à cet effet une conférence de presse à 15h00 au palais de justice de Toulouse. Il devrait y indiquer s'il fait appel du jugement qui a relaxé l'ex-directeur de l'usine Serge Biechlin et la société Grande Paroisse (groupe Total), propriétaire de l'usine.
Plusieurs associations de victimes de la catastrophe qui a fait 31 morts et des milliers de blessés le 21 septembre 2001 ont déclaré dès l'annonce du jugement qu'elles comptaient demander au parquet de faire appel. Celui-ci est le seul à pouvoir enclencher la procédure pour un deuxième procès, dans un délai de dix jours.
Le tribunal correctionnel de Toulouse a relaxé jeudi les prévenus dans le procès de l'explosion d'AZF "au bénéfice du doute", après un long exposé pourtant très critique contre l'industriel, faute de pouvoir prouver que les "fautes organisationnelles" de l'industriel Grande Paroisse (groupe Total) avaient causé la catastrophe.
Le président Thomas Le Monnyer a souligné que les magistrats avaient "la conviction que les experts judiciaires ont approché de la vérité" en attribuant l'explosion au mélange accidentel d'un produit chloré, le DCCNna, avec les 300 tonnes de nitrate d'ammonium qui ont explosé.
Mais le tribunal a souligné qu'il lui avait manqué "le dernier maillon", la preuve de ce mélan
ge, alors qu'"en matière pénale, il faut un lien de causalité certain" entre les fautes commises et le dommage.
D'anciens salariés de l'usine ont salué le jugement par des applaudissements, alors que les nombreuses parties civiles présentes parmi les 750 personnes réunies dans la salle d'audience manifestaient leur colère par un brouhaha de désapprobation.
Le président a toutefois expliqué la décision de relaxe en déclarant: "en matière pénale, il faut un lien de causalité certain" entre les fautes commises et le dommage.
Pour le président, il a manqué "le dernier maillon, la preuve de la présence de DCCNa dans la benne déversée sur le tas de nitrates une demi-heure avant l'explosion" pour condamner les prévenus.
"Une franche collaboration de Grande Paroisse et de sa commission d'enquête interne auraient permis l'analyse de la benne et aurait rendu inutile l'intervention d'institutions judiciaires", a-t-il souligné.
"Aucun élément objectif ne vient étayer la piste d'un acte intentionnel", a par ailleurs rappelé le tribunal. Toutefois l'absence d'élément concrets "ne permet pas au tribunal d'exclure formellement une hypothétique action terroriste", a-t-il ajouté.
Le ministère public avait requis trois ans de prison avec sursis et 45.000 euros d'amende contre M. Biechlin, 225.000 contre Grande Paroisse, notamment pour homicides involontaires, à l'issue du procès, ayant duré du 23 février au 30 juin.
En début d'audience, le tribunal avait mis "hors de cause" la maison mère de Grande Paroisse, Total, et son ex-PDG Thierry Desmarest en déclarant irrecevables les citations directes à leur encontre présentées par une vingtaine des 3.149 parties civiles.