Le phénomène immobilier des "lits froids", occupés moins de quatre semaines par an par les touristes, inquiètent les stations de ski qui, à l'instar des Arcs en Savoie, peinent à rénover leur parc de studios des années 60, délaissés pour des appartements plus spacieux.
"Si l'on ne fait rien, on peut devenir des villages fantômes", soupire le maire des Arcs, Damien Perry, alors qu'en ce mois de janvier, de nombreux rideaux aux couleurs délavées masquent des appartements étrangement vides.
"Les rideaux jaunis, c'est sûr que c'est pas beau à voir", se lamente derrière son comptoir Fernand Dematos, propriétaire de deux restaurants dans la station, déplorant que nombre d'appartements anciens restent vides, même en pleine saison.
Les lits dits "froids", qui concernent en majorité des résidences secondaires louées entre deux et quatre semaines par an, représentent entre 30 et 40% des cinq millions de lits touristiques des massifs français, selon une estimation de l'association des maires de stations de montagne.
Appartements mal équipés, trop petits ou mal isolés, les studios ne répondent plus à la demande des touristes, résume le président de l'association des maires de stations de montagne, Gilbert Blanc-Tailleur.
"C'est une véritable bombe à retardement. Il faut absolument arriver à rénover le parc ancien et arrêter de déplacer le problème" en construisant de nouveaux logements sans rénover les anciens, déplore-t-il.
Ainsi, aux Arcs, une nouvelle résidence de tourisme abritant 115 appartements avec piscine chauffée a vu le jour, au milieu des résidences de "lits froids".
"Cette résidence nous a permis de sauver les commerces, même si c'est vrai que le problème des lits froids n'a pas pour autant été résolu", reconnaît le maire.
Selon les estimations du ministère du Tourisme, entre 2% et 3% des lits froids sortent chaque année du secteur marchand et ne sont plus proposés à la location, essentiellement pour cause de vétusté.
Si des opérations de réhabilitation de l'immobilier de loisirs (ORIL) basées sur des incitations fiscales à la rénovation ont été mises en place il y a une dizaine d'années, elles n'ont pas eu le succès escompté auprès des propriétaires, relèvent les acteurs de la montagne.
"Les personnes qui ont acheté des appartements dans les années 70 ne l'ont pas fait pour faire des profits, mais pour se faire plaisir. Aujourd'hui ils sont âgés et ne voient plus l'intérêt de rénover, d'autant plus que les incitations fiscales ne sont pas suffisamment attractives", explique Michel Bouvard, député UMP de Savoie et président de la commission permanente du conseil national de la montagne.
"Une centaine de logements sur plusieurs milliers de lits" auraient bénéficié du dispositif, selon le député, chargé de la mise en place des ORIL, reconnaissant qu'il s'agit là d'"un véritable échec".
Un groupe de travail destiné "à construire un plan d'actions en faveur de la rénovation de l'offre d'hébergement touristique" d'ici le printemps, a été annoncé mardi par le secrétaire d'Etat au tourisme en déplacement à Annecy.
Confronté au même problème, la Suisse, par un amendement de décembre 2010, prévoit de "maintenir une proportion équilibrée de résidences principales et de résidences secondaires" dans ses régions touristiques comme dans les Grisons, où le taux de lits froids atteint 90% dans certaines communes.