par Sabrina Valle
(Reuters) - Exxon Mobil (NYSE:XOM) a dépassé les attentes vendredi, la flambée des prix de l'énergie lui ayant permis de réaliser un bénéfice trimestriel record, presque égal à celui du géant technologique Apple (NASDAQ:AAPL).
Son bénéfice net de 19,66 milliards de dollars (19,78 milliards d'euros) pour le troisième trimestre a largement dépassé les prévisions récentes de Wall Street, la flambée des prix du gaz naturel et du pétrole ayant rapproché ses gains de ceux réalisés par Apple (20,7 milliards de dollars) au cours de la même période.
En 2013, Exxon était encore la plus grande société américaine cotée en bourse en termes de valorisation, une position désormais occupée par Apple.
Les bénéfices des groupes pétroliers ont grimpé en flèche cette année, la hausse de la demande et un marché de l'énergie sous-approvisionné se heurtant aux sanctions occidentales contre la Russie en raison de son invasion de l'Ukraine. Les exportations américaines de gaz et de pétrole vers l'Europe ont bondi et laissent présager des records de bénéfices pour l'industrie.
Le premier producteur de pétrole américain a affiché un bénéfice par action de 4,68 dollars, dépassant ainsi le consensus de Wall Street de 3,89 dollars, grâce à un bond considérable des revenus du gaz naturel, à la persistance des prix élevés du pétrole et à la vigueur des ventes de carburant.
Au trimestre précédent, Exxon a réalisé les plus gros bénéfices parmi les cinq majors pétrolières. Au troisième trimestre, le groupe a devancé de loin ses homologues Shell (AS:SHEL) et TotalEnergies, avec des bénéfices presque deux fois plus importants, dopés par sa décision controversée de doubler la part des combustibles fossiles alors que ses concurrents européens se tournaient vers les énergies renouvelables.
"Nos investissements au cours des cinq dernières années, notamment pendant les creux pandémiques, sont réellement à l'origine de nos résultats aujourd'hui", a déclaré à Reuters la directrice financière d'Exxon, Kathryn Mikells.
Le groupe a réalisé 43 milliards de dollars au cours des neuf premiers mois de cette année, soit 19% de plus qu'au cours de la même période en 2008, lorsque les prix du pétrole atteignaient le niveau record de 140 dollars le baril.
La société a dépensé 5,73 milliards de dollars pour de nouveaux projets pétroliers et gaziers au cours du dernier trimestre, soit 24% de plus que l'an dernier, a déclaré Kathryn Mikells, ajoutant que le groupe est en bonne voie pour atteindre son objectif d'investissement de 21 à 24 milliards de dollars en 2022.
La hausse des bénéfices a relancé les appels du président américain Joe Biden aux groupes pétroliers en faveur de l'investissement des bénéfices exceptionnels générés par la flambée des prix de l'énergie cette année dans la production plutôt que dans le rachat de leurs propres actions.
Exxon poursuivra son programme de rachat d'actions de 30 milliards de dollars jusqu'en 2023 tout en augmentant les dividendes, a déclaré sa directrice financière. La société a également annoncé vendredi un dividende de 91 cents par action pour le quatrième trimestre, en hausse de 3 cents, et le versement de 15 milliards de dollars aux actionnaires cette année.
L'action Exxon a atteint cette semaine un record intrajournalier de 109,58 dollars grâce au prix du pétrole qui a dépassé 96 dollars le baril.
Au troisième trimestre, le prix du gaz naturel américain s'est établi en moyenne à 7,95 dollars par million d'unités thermiques britanniques (mmBtu), soit une hausse de 10% par rapport au trimestre précédent. Les prix du Brent se sont repliés à 98 dollars le baril au cours de la même période, contre une moyenne de 109 dollars entre avril et juin.
Exxon a déclaré que sa production de pétrole et de gaz dans le bassin permien s'élève à environ 560.000 barils équivalent pétrole par jour (bep/j), un record. Ce chiffre représente une hausse de 11%, soit 50.000 barils par jour, en glissement annuel.
Ses résultats ont été stimulés par une augmentation de près de 100.000 baril équivalent pétrole par rapport au trimestre précédent en Guyane, où Exxon dirige un consortium responsable de toute la production dans ce pays sud-américain.
La production a toutefois été frappée par le retrait du groupe de Russie, où il a abandonné plus de 4 milliards de dollars d'actifs et un projet de 220.000 barils à la suite de l'invasion de l'Ukraine par Moscou. Exxon a indiqué que ses actifs avaient été expropriés.
La société a ainsi réduit ses prévisions de production pour l'année d'environ 100.000 barils par jour.
"Nous allons finir à environ 3,7 millions de barils par jour pour l'ensemble de l'année", a précisé la directrice financière, soit une baisse par rapport à l'objectif de 3,8 millions fixé en février.
(Reportage Sabrina Valle ; version française Dagmarah Mackos, édité par Kate Entringer)