par Kirstin Ridley
LONDRES (Reuters) - L'ouverture mardi du procès de Tom Hayes, ex-trader vedette d'UBS et de Citigroup, pour manipulations présumées du marché des taux d'intérêt Libor marque une nouvelle étape dans une affaire qui défraye la chronique depuis des mois et sape la confiance dans l'intégrité des marchés financiers.
Les enquêtes lancées à travers le monde sur une manipulation présumée du marché des taux d'intérêt Libor, référence de très nombreux produits financiers, a conduit plusieurs grandes banques et firmes de courtage internationales à transiger avec les autorités judiciaires et réglementaires, payant au total près de 9 milliards de dollars (8,25 milliards d'euros) d'amendes.
Accentuant encore les doutes sur les pratiques des opérateurs des marchés, sept banques, dont plusieurs sont impliquées dans le scandale du Libor, ont aussi étaient mises à l'amende pour 10 milliards de dollars supplémentaires pour des manipulations présumées sur le marché des devises. Elle sont trois fois plus nombreuses à être accusées de tentatives de manipulation des taux d'intérêt de référence.
Hayes est la première personne physique a être déférée devant un tribunal.
L'ex-trader en produits dérivés sur le yen doit répondre de huit chefs d'accusation de tentative d'escroquerie que lui impute le Serious Fraud Office (SFO) britannique pour la période allant de 2006 à 2010, un infraction pénale passible de 10 ans d'emprisonnement. Il a plaidé non coupable.
Le procès, qui devrait durer de 10 à 12 semaines, pourrait mettre sur la sellette les pratiques de certaines grandes banques internationales et soulever des interrogations sur une possible complaisance des autorités de régulation et des banques centrales. La question de savoir si les véritables responsables des manipulations présumées ont été mis en cause pourrait bien aussi être posée à cette occasion.
Le SFO accuse Hayes d'avoir été au coeur d'une conspiration avec les employés d'au moins 10 banques et firmes de courtage pour manipuler les taux Libor, référence de contrats financiers allant des produits dérivés aux prêts bancaires traditionnels portant sur des montants estimés à 450.000 milliards de dollars.
Hayes traitait sur des produits dérivés libellés en yen mais liés au taux Libor et prenait principalement des positions contre les autres intervenants de marché sur l'orientation des taux.
Les taux Libor sont des moyennes des taux pratiqués par différentes banques pour des échéances données, calculées sur la base des déclarations sur l'honneur faites par un panel de grandes banques.
La supervision de ce système déclaratif, assuré jusqu'à sa réforme par la British Bankers Association, la fédération professionnelle des banques britanniques, était peu transparente et considérée comme peu contraignante. Le nom des membres du comité en charge de la fixation des taux n'était pas rendu public, pas plus que les comptes-rendus de leurs réunions.
(Marc Joanny pour le service français, édité par Véronique Tison)