La zone euro a tourné une page importante lundi en élisant le Néerlandais Jeroen Dijsselbloem, 46 ans, à la tête de l'Eurogroupe, le forum des ministres des Finances de la zone euro, qui était présidé depuis sa création en 2005 par le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker.
"L'Eurogroupe a aujourd'hui désigné Jeroen Dijsselbloem comme son président pour les deux ans et demi à venir", ont indiqué les ministres des Finances dans un communiqué à l'issue d'une réunion à Bruxelles.
"C'est une bonne décision", a réagi le ministre allemand, Wolfgang Schäuble, qui soutenait ouvertement cette candidature. Il a salué "l'engagement infatigable" de M. Juncker, en estimant que le temps dira "tout ce qu'il a fait pour l'Europe et l'Eurogroupe".
Le départ de M. Juncker marque "la fin d'une ère", a commenté Olli Rehn, le commissaire européen aux Affaires économiques.
Le Luxembourgeois a fait part de sa "satisfaction de pouvoir quitter ce poste à lourde responsabilité et de voir M. Dijsselbloem" lui succéder. "C'est vrai qu'il n'a pas un parcours de service aussi long que le mien, mais je suis convaincu qu'il remplira cette fonction avec beaucoup de conviction car il est un Européen convaincu", a-t-il assuré.
"Je vais tenter de bâtir des ponts entre les pays du nord et ceux du sud, les pays notés triple A et ceux qui ne le sont pas, ceux en faveur de l'austérité et les autres", a promis M. Dijsselbloem.
Inconnu du grand public, ce dernier a été désigné à l'unanimité moins l'Espagne, qui s'est abstenue.
Le Français Pierre Moscovici, qui avait ces dernières semaines exprimé de sérieuses réserves face à son collègue, a finalement "salué ce nouveau président qui est jeune, a l'esprit délié, souhaite réussir, en a la capacité".
Le nouveau ministre néerlandais des Finances a tout fait pour rassurer ses pairs en leur distribuant une lettre dont l'AFP a obtenu copie, dans laquelle il insiste sur la nécessité de "promouvoir une approche équilibrée, en reconnaissant qu'il faut à la fois de la discipline et de la solidarité".
Il souligne "les défis qui restent à relever" et la nécessité "non seulement d'améliorer la viabilité de nos finances publiques mais aussi la compétitivité, de lutter contre les déséquilibres et de soutenir la croissance et l'emploi".
A court terme, M. Dijsselbloem va devoir gérer deux dossiers délicats: le plan d'aide pour Chypre, que l'île a demandé il y a maintenant plus de six mois, et la question de la recapitalisation directe des banques, deux sujets abordés lundi soir.
"Nous avons salué les progrès déjà accomplis par Chypre en mettant en place certaines des mesures importantes sur lesquelles les autorités se sont mises d'accord avec la troïka" des créanciers (UE-BCE-FMI), a indiqué M. Juncker.
Mais aucune décision n'est attendue dans l'immédiat, car la zone euro veut attendre l'issue de l'élection présidentielle chypriote, dont le premier tour aura lieu le 17 février. Les discussions entre la troïka et Nicosie n'avancent pas, notamment car ces dernières se refusent à procéder aux privatisations réclamées.
Concernant la recapitalisation directe des banques par le fonds de sauvetage de la zone euro, les ministres ont eu des discussions techniques. Ils doivent s'entendre sur l'étendue des actifs concernés et le rôle qui pourrait rester dévolu aux Etats dans le sauvetage des banques. Sur ce sujet, "nous avons peu de temps et beaucoup de travail", a estimé M. Dijsselbloem.
La zone euro a enfin salué les progrès en Grèce et, compte tenu de ces avancées, elle devrait débloquer comme prévu une tranche d'aide de 9,2 milliards d'euros d'ici la fin du mois, dont une grande partie servira à recapitaliser les banques.