L'Islande a obtenu jeudi un accord nettement plus favorable des Pays-Bas et du Royaume-Uni pour régler le litige financier Icesave, mais il doit encore être approuvé par le gouvernement, le Parlement et surtout le président, ennemi juré d'un précédent règlement.
Reykjavik s'engage selon l'accord obtenu par les négociateurs islandais à rembourser "la totalité" des quelque 3,9 milliards d'euros avancés par Londres et La Haye pour dédommager leurs citoyens lésés par la faillite de la banque en ligne islandaise Icesave.
L'île volcanique de 320.000 habitants, plongée dans la crise par la chute de ses banques fin 2008, étalera ses paiements entre juillet 2016 et 2046 à un taux de départ de 3% pour le 1,3 milliard d'euros dû à la Haye et de 3,3% pour le reste dû à Londres, selon cet accord.
Un précédent accord, très impopulaire et massivement rejeté par un référendum des Islandais en mars, prévoyait un remboursement entre 2016 et 2024 seulement, à un taux d'intérêt de 5,5%.
"C'est un accord juste, et je doute qu'on puisse faire beaucoup mieux. Nous partageons le fardeau", a estimé Lee Buchheit, un responsable du comité islandais de négociation, lors d'une conférence de presse à Reykjavik.
L'Islande paiera également des intérêts sur les sommes avancées d'ici 2016, a précisé le comité, les taux pouvant ensuite être renégociés avec un plafond jusqu'en 2046.
Mais la "saga Icesave n'est pas encore finie", a constaté le ministre néerlandais des Finances Jan Cees de Jager, qui avait en premier annoncé l'accord.
L'accord tripartite doit encore avoir le feu vert officiel du gouvernement, franchir l'obstacle du Parlement et surtout éviter un nouveau véto du président Olafur Ragnar Grimsson, qui avait décidé au début de l'année de convoquer le référendum sur le précédent accord.
Le chef de l'Etat islandais, qui disait "nei" à une loi pour la deuxième fois seulement depuis l'indépendance en 1944, n'a pas encore fait connaître sa position.
Longues négociations entre les pays, débats sans cesse prolongés des députés islandais, manifestations, vétos, référendum...: le dossier Icesave, qui empoisonne les relations de Reykjavik avec Londres et La Haye depuis près de deux ans, est devenu en deux ans un vrai feuilleton.
"Le règlement de cette question, d'une manière satisfaisante pour tout le monde, marquera un nouveau chapitre dans les relations entre le Royaume-Uni et l'Islande", a salué une porte-parole du ministère britannique des Finances.
Après le rejet massif par 93% des Islandais lors du vote début mars et les changements de gouvernement intervenus à Londres et La Haye au printemps, l'Islande, le Royaume-Uni et les Pays-Bas s'étaient retrouvés à la table des négociations en juillet. Les négociations se sont terminées mercredi à Londres.
Icesave, filiale de la deuxième banque islandaise Landsbanki, avait fait faillite en octobre 2008, obligeant les Pays-Bas et le Royaume-Uni à avancer 3,9 milliards d'euros pour indemniser plus de 330.000 de leurs citoyens lésés.
La banque en ligne, qui avait bâti son succès en proposant aux épargnants étrangers des taux d'intérêts élevés pratiqués en Islande, avait conquis 229.000 particuliers britanniques depuis son lancement au Royaume-Uni en octobre 2006 et 114.000 aux Pays-Bas, où elle était présente depuis mai 2008.
Le différend Icesave est avec la pêche l'un des principaux points de friction dans les négociations d'adhésion de l'Islande à l'Union européenne ouvertes fin juillet à Bruxelles.
Il avait également entraîné des retards du versement d'une tranche du prêt de soutien à l'Islande du Fonds monétaire international (FMI).