par Lauren Hirsch
NEW YORK (Reuters) - Le géant américain de la confiserie Hershey a annoncé jeudi avoir rejeté une proposition de rachat de 23 milliards de dollars (20,8 milliards d'euros) soumise par son compatriote Mondelez International.
Le rapprochement des deux groupes donnerait naissance au premier confiseur mondial, dépassant le leader actuel, l'américain Mars, qui contrôle 13,3% du marché selon le consultant Euromonitor International.
"Le conseil d'administration de l'entreprise a rejeté à l'unanimité la manifestation d'intérêt et conclu qu'elle ne constituait pas la base d'une quelconque discussion ultérieure entre Mondelez et la société", a déclaré Hershey dans un communiqué.
Une fusion des deux sociétés, qui figurent l'une et l'autre parmi les cinq premiers acteurs mondiaux du secteur, permettrait de conjuguer la position solide de Hershey aux Etats-Unis de la forte présence internationale de Mondelez.
Ce dernier mettrait en outre la main sur la production et la distribution de la marque Cadbury sur le marché américain, dont Hershey détient pour l'instant la licence. Mondelez reprendrait aussi les droits de production et de distribution aux Etats-Unis de Kit Kat, l'une des marques de confiserie les plus populaires au monde.
Nestlé fabrique Kit Kat dans le monde entier sauf aux Etats-Unis, où les droits de la marque sont détenus par Hershey.
Le rejet rapide et unanime du conseil de Hershey suggère que la principale difficulté que devra surmonter Mondelez pour parvenir à ses fins sera de convaincre la fondation caritative Hershey Trust, qui détient 81% environ des droits de vote de sa cible et qui avait empêché en 2002 un rachat par Wm. Wrigley Jr pour 12 milliards de dollars.
"UN BON POINT DE DÉPART", ESTIME UN ANALYSTE
Le Trust a été créé il y a un siècle par Milton Hershey, le fondateur du groupe, dans le but d'assurer le financement de la Milton Hershey School, un établissement privé dédié aux enfants de familles défavorisées. Il a été visé récemment par une enquête de la justice de l'Etat de Pennsylvanie sur des soupçons de conflits d'intérêts et de mauvaise gestion.
Mondelez a proposé 107 dollars par action, payables pour moitié en numéraire et pour moitié en actions, a précisé la source.
A la Bourse de New York, le titre Hershey gagnait 16,3% à 112,96 dollars vers 18h55 GMT. Au même moment, Mondelez prenait 5,46% à 45,32 dollars.
Philip Van Deusen, analyste de Tigress Financial Partners, a dit s'attendre à un relèvement du prix de l'offre face à l'envolée du cours de Hershey.
"Je pense que (107 dollars) constituent un bon point de départ", a-t-il dit.
Hershey a reçu l'offre cette semaine, a précisé une source, ajoutant que Mondelez prévoyait de conserver le nom de Hershey et de garantir les emplois tout en aidant Hershey à se développer à l'international.
Mondelez a refusé de commenter ces informations.
Des analystes étaient jusqu'à présent sceptiques sur les chances de succès d'éventuelles offres d'achat sur Hershey.
"Le Trust (...) est réellement soucieux de préserver l'indépendance de la société", écrivait en juin 2015 l'analyste Alexia Howard, de Bernstein. "Il est donc pratiquement impossible pour un activiste de s'impliquer ou pour la société d'être rachetée".
L'investisseur activiste William Ackman a annoncé l'an dernier que son fonds Pershing Square (NYSE:SQ) avait acquis une participation dans Mondelez valorisée environ 5,5 milliards de dollars. Certains observateurs avaient vu dans cette entrée au tour de table la volonté de Pershing d'inciter Mondelez à améliorer sa rentabilité ou à se vendre.
(avec Chris Prentice à New York et Sruthi Ramakrishnan à Bangalore; Marc Joanny et Wilfrid Exbrayat pour le service français, édité par Marc Angrand)