François Hollande a fait mardi une nouvelle fois de la "bataille pour l'emploi" sa "seule priorité" avec l'entreprise au coeur de son action, et affirmé son "intransigeance" face au racisme et à l'antisémitisme, en pleine affaire Dieudonné."Les résultats sont forcément longs à apparaître, mais ils sont là", a dit le chef de l'Etat, lors de ses voeux aux Français diffusés en léger différé, reconnaissant que 2013 avait été une année "intense et difficile".Alors qu'un quart des Français seulement se déclare satisfait de son action, il a revendiqué ses choix: "j'ai confiance dans les choix que j'ai faits pour le pays".Le président Hollande, qui s'exprimait avec en fond d'image le palais de l'Elysée illuminé dans la nuit, les drapeaux tricolore et européen à sa droite, a annoncé - fait assez inhabituel lors de cet exercice convenu - trois décisions présentées comme "fortes", à commencer par un "pacte de responsabilité" pour les entreprises assorti de "contreparties".Ce pacte, a-t-il dit dans cette allocution de 10 minutes et 15 secondes, sera "fondé sur un principe simple : moins de charges sur le travail, moins de contraintes sur leurs activités et, en même temps, une contrepartie, plus d'embauches et plus de dialogue social".C'est la condition, a-t-il ajouté sans donner de précisions, d'une France plus "attractive", plus "moderne" et plus "souple".Pour François Hollande, "l'essentiel" qui doit "réunir" les Français est "le destin économique, industriel, productif de notre pays dans les dix prochaines années".Pour se donner un peu de marge de manoeuvre, il table sur la réduction des dépenses publiques, avec un Etat prié de se "concentrer sur ses missions essentielles". Les collectivités locales, a-t-il ajouté, devront "voir leurs compétences clarifiées" et "la sécurité sociale" devra en finir avec "les excès" et "les abus"."J'assumerai, moi-même, la responsabilité et le suivi de ce programme d'économies durant tout le quinquennat", a-t-il promis, prenant le pas sur son Premier ministre Jean-Marc Ayrault, lancé dans une remise à plat du système fiscal. "les impôts devenus trop lourds"Ces économies doivent permettre de conduire "à terme" à une réduction des impôts après celle du déficit public, a-t-il assuré sans plus de détails sur cet objectif même s'il l'a reconnu: "les impôts sont devenus lourds, trop lourds, à force de s'accumuler depuis de nombreuses années".Deuxième décision : "simplifier la vie de chacun" pour les particuliers avec les "démarches administratives" ou "les actes de la vie quotidienne" mais surtout "pour la création d'entreprises" et "le développement de l'investissement". Tous ses prédécesseurs se sont engagés avant lui à conduire cette simplification, sans y parvenir de façon efficace."Tout doit être rendu plus facile", a dit François Hollande qui a rappelé aussi sa volonté d'accomplir la "transition énergétique" (économies d'énergie, rénovation des logements, lutte contre le réchauffement climatique...), que les écologistes, membres de sa majorité réclament, sans grand succès, depuis 18 mois."Chiche" ont répondu du tac-au-tac les égologistes sur une question sensible pour la constitution de listes uniques aux municipales de mars prochain.Sur le chômage, le président s'est abstenu de rappeler son engagement, d'il y a un an, d'en inverser "coûte que coûte" et durablement la courbe ascendante, dont il a fait un marqueur de son quinquennat."En 2013, le chômage est resté à un niveau encore élevé, même si la tendance de ces derniers mois s'améliore", a-t-il dit, et "en 2014, nous aurons besoin de la mobilisation de tous pour gagner cette bataille".Il faudra attendre la publication des chiffres de décembre, fin janvier, pour savoir si ce pari présidentiel a été remporté. Les chiffres de novembre ont enregistré une hausse (+ 17.800) qui a pratiquement effacé la baisse du mois d'octobre (- 20.500).Pas un mot sur la croissance, dont il a fait aussi une priorité alors que les économistes tablent sur une hausse du PIB de 1% en 2014 après +0,2 en 2013, insuffisante pour permettre une création nette d'emplois sans une dose massive d'emplois aidés.Rappelant les valeurs de la France et notamment la laïcité, il a promis de se montrer "intransigeant face à tout manquement, face au racisme, face à l'antisémitisme, face aux discriminations", sans évoquer explicitement Dieudonné et son geste de la quenelle, jugé par certains antisémite.Durant les derniers mois, une de ses ministres, Christiane Taubira (Justice), a été victime d'attaques racistes."La République n'est pas négociable. Les lois ne sont pas négociables. Le modèle français n'est pas davantage négociable", a-t-il dit.S'il s'est réjoui de la libération quelques heures plus tôt au Cameroun du père Georges Vandenbeusch qu'il ira accueillir mercredi matin sur la base aérienne de Villacoublay, le chef de l'Etat a eu une pensée pour les six otages français encore détenus. "Je ferai tout pour les libérer", a-t-il lancé.Evoquant les élections européennes de mai prochain à l'issue desquelles le Front national escompte devenir le premier parti de France, François Hollande a assuré que ce n'était "pas en défaisant l’Europe que l’on fera la France de demain". "C’est en la renforçant qu’elle nous protégera davantage", a-t-il dit, en annonçant pour le printemps "des initiatives avec l'Allemagne".Des voeux "désolants", selon le PCF qui a accusé le président d'être sourd "aux difficultés des Français", "pathétiques" pour Marine Le Pen qui a estimé de la même manière qu'il ne "mesur(ait) rien de la colère et des attentes des Français".Pour Jean-Louis Borloo, président de l'UDI, comme pour le président de l'UMP Jean-François Copé, ils n'auront été que la répétition de ceux de 2012. Harlem Désir, en revanche, a salué un président "mobilisé" et "courageux".