ATHENES (Reuters) - Le rendement des obligations d'Etat grecques a atteint mardi son plus haut niveau depuis sept mois et la Bourse d'Athènes perdait plus de 5% dans l'après-midi, la volonté d'Athènes de se libérer plus tôt que prévu du cadre de la "troïka" préoccupant les investisseurs.
Une poursuite de ce mouvement pourrait contrecarrer la volonté du Premier ministre Antonis Samaras d'abandonner le plan d'aide de l'Union européenne et du Fonds monétaire international (FMI) avant la fin de cette année, donc plus d'un an avant l'échéance initialement prévue, dans l'espoir de tirer de cette initiative des gains politiques.
Le rendement de la dette grecque à dix ans a franchi le seuil symbolique de 7%, atteignant son plus haut niveau depuis mars. Et vers 15h00, le principal indice du marché boursier athénien abandonnait 5,6%.
L'indice des banques grecques chutait de 6,8%.
Athènes a réalisé avec succès deux émissions obligataires cette année mais les rendements de sa dette sont remontés ces dernières semaines, la perspective d'une sortie prématurée du plan d'aide faisant craindre une remise en cause de l'assainissement budgétaire. Certains investisseurs redoutent aussi la convocation de législatives anticipées début 2015.
"Il y a un mini-mouvement de panique aujourd'hui à cause de l'incertitude politique", a dit un trader à Athènes, qui a requis l'anonymat. "Avec le rendement à dix ans au-dessus de 7%, il semble que le projet du gouvernement d'une sortie anticipée du plan d'aide puisse être menacé."
Les autorités se sont efforcées de minimiser la remontée des rendements obligataires, un responsable gouvernemental déclarant que ce mouvement s'effectuait dans de faibles volumes sur un marché peu liquide.
"Ce ne sont que des craintes. Un accord (sur la sortie du plan d'aide) peut tout changer et va tout changer", a dit à Reuters une deuxième source gouvernementale haut placée qui a requis l'anonymat.
Antonis Samaras a facilement remporté un vote de confiance la semaine dernière mais cela n'a pas suffi à mettre fin aux spéculations sur la tenue au printemps de législatives anticipées qui pourraient, au vu des enquêtes d'opinion, élire un parlement sans majorité claire.
Un sondage de l'institut GPO publié mardi donne 6,5 points d'avance au parti de gauche radicale Syriza, opposé au plan d'aide UE-FMI, devant Nouvelle démocratie, le parti du Premier ministre.
(Lefteris Papadimas et Renee Maltezou, avec Angeliki Koutantou,; Marc Angrand pour le service français, édité par Wilfrid Exbrayat)