par Balazs Koranyi et Francesco Canepa
FRANCFORT (Reuters) - La Banque centrale européenne (BCE) devrait selon toute vraisemblance laisser jeudi ses taux d'intérêt inchangés, à un niveau record, mais signaler aussi qu'une baisse pourrait être opérée dès le mois de juin, étant donné le net ralentissement de l'inflation et la faiblesse prolongée de l'économie.
Après avoir multiplié les hausses du coût d'emprunt pour faire face à la flambée de l'inflation, la BCE a opéré une pause en septembre dernier, date depuis laquelle les taux sont stables.
Elle a signalé aussi, depuis lors, que des baisses de taux étaient envisagées, ses responsables attendant de disposer de davantage de données rassurantes pour acter un virage dans la politique monétaire de l'institution.
Un autre élément pourrait toutefois peser dans la balance et affecter les décisions de la BCE: l'éventuel report de la première baisse des taux attendue de la part de la Réserve fédérale (Fed). Des données supérieures aux attentes sur l'inflation aux Etats-Unis pourraient pousser la banque centrale américaine à ne pas baisser les taux en juin, comme anticipé.
Ce scénario pourrait inciter la BCE à prendre son temps, mais probablement pas à s'abstenir de toute baisse des taux, étant donné l'écart croissant entre la situation économique aux Etats-Unis et celle de la zone euro.
L'économie de la zone euro stagne depuis désormais six trimestres consécutifs, avec un marché du travail qui commence à s'assouplir. L'économie américaine continue elle de battre les attentes, son marché du travail reste tendu et l'inflation a augmenté plus que prévu en mars.
Dans une note, Deutsche Bank (ETR:DBKGn) a déclaré qu'une baisse des taux en juin ressemblerait à un "compromis" entre les responsables de la BCE favorables à un assouplissement et ceux prônant une position plus conservatrice.
"Les 'faucons' acceptent le fait que l'horizon de l'inflation s'est amélioré mais ils ne veulent pas se précipiter pour assouplir les taux dès avril. Les 'colombes' semblent satisfaites que les faucons ne s'opposent pas à des baisses et contentes de patienter jusqu'à juin pour un consensus plus solide sur une baisse", a écrit la banque.
Le scénario d'une baisse des taux en juin a été évoqué si souvent que les investisseurs le considèrent comme une forme de promesse, avec le risque que, dans le cas contraire, la crédibilité de la BCE soit endommagée.
Christine Lagarde, la présidente de l'institution, devrait s'abstenir d'évoquer une quelconque orientation de la politique monétaire au-delà de juin, surtout en l'absence totale d'un consensus sur l'ampleur et le calendrier des baisses de taux à opérer.
Les marchés misent actuellement sur une baisse de 80 points de base au total cette année, avec trois ou quatre baisses, mais les attentes n'ont cessé de fluctuer.
(Balazs Koranyi; version française Jean Terzian)