(Bien lire §5 qu'il s'agit de l'action Alibaba (NYSE:BABA) à Wall Street)
HONG KONG (Reuters) - Les autorités chinoises ont infligé vendredi une amende de 7,12 milliards de yuans (902 millions d'euros) à Ant Group pour violation des lois relatives à la protection des consommateurs et à la gouvernance d'entreprise, mettant fin à la refonte réglementaire du groupe qui dure depuis des années.
La Banque populaire de Chine (BPC), qui a piloté la réorganisation d'Ant après l'échec de son introduction en bourse de 37 milliards de dollars fin 2020, a annoncé la sanction sur son site internet.
L'amende est l'une des plus élevées jamais prononcée pour une société technologique en Chine et son annonce permettra à la "fintech" d'obtenir une licence de holding financière, de chercher de nouveau à générer de la croissance et de relancer, à terme, son projet d'introduction en Bourse.
Pour le secteur technologique chinois, l'amende marque une étape clé de la fin de la répression brutale des entreprises privée qui avait commencé avec l'annulation du projet d'IPO d'Ant.
L'action cotée à Wall Street de la maison mère de Ant, le géant du commerce en ligne Alibaba, prenait 3,3% dans les échanges en avant-Bourse.
RETABLIR LA CONFIANCE
Les mesures prises par le gouvernement chinois pour "finaliser les sanctions, clarifier les perspectives et tracer des limites claires en matière de conformité sont essentielles pour stabiliser la confiance du secteur privé", selon Rukim Kuang, fondateur de Lens Consulting, une société basée à Pékin.
Les activités d'Ant, fondé par le milliardaire Jack Ma, concernent notamment le traitement des paiements, les prêts à la consommation et la distribution de produits d'assurance. Mi-2020, avant que son introduction en Bourse ne soit annulée, Ant était évaluée par certains investisseurs à plus de 300 milliards de dollars.
Depuis avril 2021, Ant a entrepris une vaste restructuration de ses activités, ayant notamment pour projet de devenir une société holding financière, ce qui soumettrait le groupe à des règles et à des exigences en matière de fonds propres similaires à celles des banques.
L'annonce de l'amende intervient alors que le Parti communiste chinois au pouvoir a nommé le gouverneur adjoint de la banque centrale Pan Gongsheng au poste de secrétaire du parti à la BPC, une décision qui présage de sa nomination au poste de gouverneur, selon deux sources politiques.
Il est l'un des principaux responsables de la restructuration d'Ant et a assisté à plusieurs réunions avec l'entreprise à ce sujet, selon les sources.
L'Administration nationale de régulation financière (NFRA), un nouvel organe gouvernemental relevant du Conseil d'État, est désormais le principal régulateur chargé d'accorder la licence à Ant, ont fait savoir les sources.
La NFRA n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire de Reuters. La BPC n'a pas répondu immédiatement à une demande de commentaire sur le rôle de Pan Gongsheng.
RETOUR DE JACK MA EN CHINE
Les sources avaient déclaré auparavant que le montant de l'amende avait été révisé à au moins 8 milliards de yuans. Reuters avait rapporté en avril que les régulateurs envisageaient environ 5 milliards de yuans.
L'amende infligée à Ant est la plus importante sanction imposée à une société technologique chinoise depuis l'amende de 1,2 milliard de dollars infligée l'année dernière par l'autorité chinoise de régulation de la cybersécurité à la société de transport routier Didi Global.
Alibaba a été condamné à une amende record de 18 milliards de yuans en 2021 pour des violations des lois antitrust.
Les autorités chinoises cherchent à renforcer la confiance du secteur privé alors que l'économie peine à se relever malgré la fin des restrictions sanitaires.
Elle suit par ailleurs le retour de Jack Ma en Chine, revenu en début d'année après avoir passé de nombreux mois à l'étranger.
Jack Ma détenait auparavant plus de 50% des droits de vote d'Ant, mais a abandonné en janvier le contrôle du groupe dans le cadre de sa réorganisation.
(Reportage Julie Zhu, Jane Xu, Jason Xue, version française Corentin Chappron avec Laetitia Volga, édité par Kate Entringer)