Par David Wagner
Investing.com - Face aux mouvements positifs sur les marchés récemment, l'opinion générale de plus en plus répandue parmi les investisseurs et les traders est que la bourse a atteint son plus bas niveau du marché baissier, et qu'une combinaison d'un reflux du coronavirus à la fin du printemps et d'une stimulation fiscale et monétaire sans précédent préparera le terrain pour un fort rebond des bénéfices des entreprises plus tard dans l'année.
En d’autres termes, le pire de l’impact boursier du coronavirus serait derrière nous, et le moment serait donc venu d’acheter.
Lundi, l'indice Dow Jones 30 et l’indice S&P 500 ont clôturé en hausse de plus de 7%, tandis que le CAC 40 gagnait près de 5%.
Le rebond affiché par les bourses hier tend donc à donner raison aux optimistes, mais il faut relever que plusieurs voix s’élèvent pour prévenir qu’il pourrait au final s’agir d’un piège.
C’est le cas de Mislav Matejka, responsable de la stratégie des actions mondiales chez J.P. Morgan, qui a averti les investisseurs dans une note de recherche publiée hier qu'il y a de fortes chances que l'économie mondiale connaisse "une spirale vicieuse, typique des récessions, entre une faible demande finale, des marchés du travail plus faibles, des bénéfices en baisse, des marchés du crédit faibles et des prix du pétrole bas".
Ce qui est particulièrement troublant pour Matejka, c'est que la récession actuelle a été déclenchée par un choc pour le consommateur - qui représente 70 % du PIB dans les économies occidentales - car les travailleurs du monde entier sont empêchés de gagner leur vie par les fermetures d'entreprises non essentielles.
Cette dynamique a conduit les économistes de J.P. Morgan à prédire "seulement un creux progressif de l'activité, comme on l'a vu après la grande crise financière, et non un creux en forme de V comme on le voit, par exemple, après les catastrophes naturelles".
La banque estime que le taux de chômage restera élevé à 8,5 % au cours du deuxième semestre, tandis que la baisse du PIB réel des États-Unis, du sommet au creux de la vague, sera de 10 %, contre 4 % pendant la crise financière. "Et tout cela en supposant que le virus soit de l'histoire ancienne d'ici juin, ce qui pourrait s'avérer très optimiste", a écrit Matejka.
Il a donc conseillé aux clients de la banque d'ignorer les signaux techniques indiquant que les actions sont survendues, ou d’éviter de se montrer trop optimistes face au soutien fiscal et monétaire massif fourni par les gouvernements mondiaux. Ce serait "manquer l'éléphant dans la pièce, c'est-à-dire le premier cycle baissier du marché de la consommation et du travail en 11 ans".
"Alors que le consensus semble encore être une reprise rapide, les récessions ont tendance à s'éterniser", a ajouté M. Matejka.