La Grèce prend mercredi la présidence de l'UE lors d'une cérémonie à Athènes en présence de plusieurs dirigeants européens, une étape à la dimension symbolique plus de quatre ans après le début de la crise de la dette et à quelques mois des élections européennes.
"C'est une grande responsabilité pour la Grèce d'occuper la présidence de l'UE pendant le semestre qui va mener aux élections de mai", a souligné mercredi le ministre des Affaires étrangères, Evangelos Venizelos, lors d'une rencontre avec la presse.
Les présidents du Conseil européen et de la Commission, Herman Van Rompuy et José Manuel Barroso, ainsi que l'ensemble des commissaires européens, font le déplacement et doivent rencontrer dans l'après-midi le gouvernement en place, comme ils le font pour chaque présidence de l'UE.
Arrivé en milieu de journée, M. Barroso devait aussi tenir une conférence de presse à 15H15 GMT avec le Premier ministre grec, Antonis Samaras.
Cette visite, dans le pays qui a été l'épicentre de la crise de la dette et qui a dû consentir de lourds sacrifices, risque de prendre une dimension particulière.
Pour la Grèce, l'enjeu est de redevenir un pays "comme les autres", selon l'expression de son Premier ministre. Lors de la présentation des voeux de fin d'année, il avait promis que 2014 marquerait la fin des plans d'assistance financière UE-FMI qui, depuis 2010, ont placé le pays sous perfusion financière.
Cette année doit aussi être celle où la Grèce tourne le dos à six années de récession. Le pays devrait enregistrer une modeste croissance de 0,6%, selon les prévisions du gouvernement et de la Commission européenne.
Mais la présidence grecque fait aussi grincer des dents: le chef du principal parti d'opposition Gauche radicale Syriza, Alexis Tsipras, a ainsi fait savoir qu'il n'assisterait pas à la cérémonie d'ouverture mercredi soir. Un geste qui se veut avant tout "symbolique" pour l'homme politique, adversaire des plans d'austérité imposés à son pays.
Afin d'éviter d'éventuels débordements, des mesures de sécurité renforcées ont été prises et tout rassemblement est interdit dans le centre-ville, bouclé à la circulation dans l'après-midi.
Pour l'Europe, cette visite sera certainement l'occasion de rappeler que les prédictions les plus sombres, comme la sortie de la Grèce de la zone euro (le fameux "Grexit"), ne se sont pas réalisées et que les sacrifices du peuple grec n'ont pas été vains.
Avant les élections européennes fin mai, les dirigeants de l'UE se doivent de présenter un front uni afin de contrer une poussée des eurosceptiques de tous bords. "Il va falloir montrer de quoi empêcher la progression du populisme", résumait récemment un éditorialiste du quotidien grec Kathimerini.
Horizon encore sombre
Si le pire de la crise est bien passé, l'horizon reste encore sombre pour la Grèce, sous tutelle de ses créanciers.
Athènes fera face dans les mois qui viennent à un trou de financement d'environ 11 milliards d'euros. "Dans l'idéal", le pays souhaiterait se passer d'un troisième plan d'aide, a souligné son ministre des Finances, Yannis Stournaras, excluant dans tous les cas de nouvelles mesures d'austérité.
En outre, la dette publique grecque reste à des niveaux faramineux (autour de 175% du Produit intérieur brut). Le pays espère donc obtenir une réduction de sa dette comme s'y étaient engagés ses créanciers en novembre 2012, s'il enregistrait un excédent primaire budgétaire, ce qui devrait avoir été le cas en 2013.
"Nous ne demandons pas une décote ("haircut"), a affirmé mercredi M. Stournaras. "Il y a de nombreux moyens de réduire la dette", a-t-il souligné, évoquant l'abaissement des taux d'intérêt ou allongement du délai de paiement d'obligations grecques. Reste à convaincre les bailleurs de fonds du pays.
Des discussions sur ce sujet sont attendues à partir du mois d'avril et promettent d'être houleuses. Mais la présidence grecque n'entend pas se résumer à cela et veut également promouvoir, sur le plan économique, la coordination des politiques à dimension sociale et le financement des PME.
Athènes veut également profiter de sa cinquième présidence de l'UE pour compléter le chantier de l'union bancaire et avancer sur les questions d'immigration et de politique maritime.