Ce qu’il faut retenir
►La récente volatilité sur les marchés est compréhensible devant le cadre géopolitique et politique qui se présente devant nous. L’incertitude sur l’issue des élections américaines domine évidemment le comportement de nombreux investisseurs. Dans ce cadre, la défaite surprise du Parti libéral démocrate (LDP) aux élections parlementaires anticipées au Japon vient ajouter une nouvelle incertitude. Elle pose des questions sur les politiques économiques à venir, avec des potentielles impacts sur la politique monétaire. Le yen qui était de nouveau dans une tendance baissière, pourrait continuer à souffrir, du moins à court-terme.
►Dans le cadre géopolitique mondial incertain, les représailles d’Israël contre l’Iran, qui certes étaient attendues, sont venues augmenter l’anxiété sur la situation dans la région. Néanmoins, les déclarations des dirigeants israéliens et iraniens semblent indiquer leur volonté d’éviter une plus grande escalade. De ce fait, après une poussée du prix du baril de pétrole (Brent) au-dessus de 75 dollars, une baisse marquée semble se mettre en place, traduisant un soulagement chez les opérateurs de marché. Le maintien d’un prix du pétrole bas reste un soutien à la reprise économique mondiale.
►En Europe, comme craint, l’agence Moody’s a suivi Fitch en changeant les perspectives de la dette publique française de stables à négatives. Les considérations sont les mêmes. C’est-à-dire l’instabilité politique et donc le manque de clarté sur la capacité de l’Etat français à remettre les finances publiques dans une trajectoire plus soutenable. En parallèle, la note de la France a été maintenue à Aa2 soit un cran supérieur aux notes comparables actuelles de Fitch et S&P (AA-). Ceci ne devrait pas avoir d’impact marqué sur les taux d’intérêt. Le marché devrait rester dans l’attente du vote du budget.
►Du point de vue conjoncturel, dans la lignée de l’enquête PMI, l’enquête de l’IFO du mois d’octobre a confirmé la stabilisation de l’activité, même à un niveau faible. L’indice globale a rebondi d’un point, mais reste très en dessous de la moyenne historique. Il s’agit déjà d’une bonne nouvelle de voir que la tendance baissière de l’indice s’arrête et se redresse quelque peu. Néanmoins, la fragilité de l’économie allemande sera évidemment une considération importante dans la décision que prendra la BCE en décembre. Nous pensons toujours que la BCE devrait poursuivre ses baisses graduelles.
►Outre-Atlantique, l’enquête finale pour le mois d’octobre sur la confiance des ménages de l’Université du Michigan été plus rassurante que les résultats préliminaires. Ainsi, l’indice global a continué sa hausse atteignant son plus haut niveau depuis le printemps. La baisse des taux d’intérêts semble avoir agit positivement sur l’appétit à consommer. Aussi, la baisse des anticipations d’inflation à court terme, a peut-être contribué à améliorer le sentiment. Néanmoins, on peut penser qu’une vraie tendance n’apparaitra qu’après le résultat des élections.
Pour aller plus loin
L’élection parlementaire anticipée voulue par Shigeru Ishiba, le nouveau Premier ministre, a créé la surprise, avec une défaite du Parti libéral démocrate (PLD), qui perd sa majorité. En effet, sur les 465 sièges que compte l’Assemblée, le PLD et son partenaire (Komeito) n’auraient obtenu que 214 sièges. Cette défaite semble avoir sévèrement sanctionné le PLD à la suite de la découverte l’année dernière de malversations de la part de membres du parti.
Aucun autre parti n’a atteint la majorité, mais c’est le parti d’opposition de centre gauche, le Parti démocratique constitutionnel (PDC), qui a été le principal bénéficiaire des élections avec 148 sièges, soit plus de 50 sièges supplémentaires par rapport à l’Assemblée précédente.
Ce résultat n’était pas anticipé et on pourrait entrer dans une période d’instabilité politique. En effet, à ce stade il est difficile de voir si le LDP peut trouver une nouvelle majorité. Des négociations vont s’ouvrir. Les dirigeants du PDC ont aussi déclaré qu’ils allaient essayer de trouver des alliances avec les autres partis d’opposition afin de changer de gouvernement.
Il est assez probable qu’à court terme cette instabilité pèse sur l’économie nipponne. Le yen devrait refléter cette situation et risque de rester sous pression et maintenir sa tendance baissière récente.
Japon : Le yen pourrait continuer à subir une pression à la baisse à l’issue des élections
En revanche, il est plus difficile de voir si cette situation va créer une grande méfiance sur les actifs japonais, en premier lieu les actions. Une baisse du yen pourrait de nouveau venir soutenir la bourse japonaise à très court terme.
Ce qui est certain est que l’incertitude politique risque de compliquer la tâche de la Banque centrale (BoJ). A ce stade, nous attendons toujours que la normalisation de la politique monétaire se poursuive graduellement, avec une nouvelle hausse des taux directeurs vers la fin de l’année ou au tout début de l’année prochaine. Mais, la BoJ pourrait être plus patiente selon la direction que pourrait prendre la politique budgétaire en cas de changement de cap.
En Zone Euro, l’enquête de l’IFO pour le mois d’octobre a confirmé la stabilisation de l’économie allemande, après les meilleurs résultats des enquêtes PMI préliminaires. En effet, l’indicateur sur le climat des affaires a rebondi cassant la tendance baissière des derniers mois. Que ce soit le sentiment sur les conditions présentes ou les perspectives, les deux indicateurs se sont redressés en octobre.
Néanmoins, le niveau des indices reste bien en dessous des moyennes historiques, soulignant la grande faiblesse qui persiste de l’économie allemande. En particulier, la situation très dégradée de l’industrie, un phénomène mondial, pèse fortement sur la dynamique économique de l’Allemagne.
Zone-Euro : L’enquête de l’IFO sur le climat des affaires en Allemagne montre enfin une légère amélioration, même si l’activité reste déprimée
LLe plus probable est que le PIB allemand se soit de nouveau contracté au 3T24, mais les chiffres de cette enquête rassurent et vont dans le sens d’une légère reprise dans le dernier trimestre de l’année. Ceci devrait être soutenu par la poursuite de l’assouplissement monétaire de la BCE.
Aux Etats-Unis, malgré l’incertitude sur l’élection présidentielle, la confiance des consommateurs, telle que mesurée par l’enquête de l’Université du Michigan, a légèrement progressé en octobre par rapport au mois précédent. Ainsi, la baisse du résultat préliminaire de l’enquête a été effacée.
C’est surtout l’opinion des consommateurs sur les conditions présentes qui a continué à s’améliorer. Les anticipations ont très légèrement baissé par rapport à septembre.
Cette amélioration globale peut être attribuée à deux facteurs. Tout d’abord la forte baisse de taux directeurs de la Fed en septembre, et surtout la perspective d’une poursuite de celles-ci, semble bien s’être traduit par une opinion plus favorable sur les perspectives d’achat des ménages à l’avenir. D’autre part, la baisse des anticipations d’inflation à court semble aussi avoir rassuré les ménages.
Néanmoins, vu le niveau toujours déprimé de la confiance par rapport à sa moyenne historique, il faudra sûrement attendre l’issue des élections pour voir une tendance plus claire se mettre en place. Soulignons, que le clivage entre ménages plus enclin à voter Démocrates ou Républicains reste très forte, avec ces derniers gardent une perception bien plus négative de l’économie.
Etats-Unis : La confiance des ménages selon l’enquête de l’U. du Michigan continue de se redresser en octobre, mais reste historiquement faible
Comme indiqué, un des facteurs qui a contribué à la poursuite de l’amélioration de la confiance a été les anticipations d’inflation à court terme (1an) qui restent basses. Ceci est en grande partie dû à la persistance de la baisse du prix de l’essence, qui recule depuis la fin du mois d’avril. En revanche, les perspectives de moyen terme restent plutôt dans la fourchette haute des 10 dernières années.
Etats-Unis : Les anticipations d’inflation à court terme restent très contenues, alors que celles à moyen terme sont toujours dans la fourchette haute des dernières années
Sebastian PARIS HORVITZ, Stratégiste
Retrouvez le décryptage marché du 28 octobre 2024, signé Sebastian PARIS HORVITZ. Lire la suite