par Michael Holden
LONDRES (Reuters) - Une juge britannique s'est opposée lundi à l'extradition de Julian Assange vers les États-Unis en raison d'un risque de suicide alors que le fondateur de WikiLeaks est accusé par la justice américaine d'espionnage et de conspiration.
Les autorités américaines accusent Julian Assange, un Australien de 49 ans, d'avoir divulgué en 2010 des centaines de milliers de documents confidentiels concernant l'armée américaine.
Les avocats de Julian Assange ont dénoncé des poursuites judiciaires aux motivations politiques par l'administration du président américain Donald Trump et fait valoir qu'une extradition constituerait une grave menace pour le travail des journalistes.
La juge Vanessa Baraitser a rejeté presque tous les arguments de l'équipe juridique de Julian Assange mais elle a refusé son extradition vers les Etats-Unis disant redouter qu'il ne se suicide.
Julian Assange a souffert de graves épisodes de dépression et a été diagnostiqué avec le syndrome d'autisme dit d'Asperger, a indiqué la juge.
Une partie de lame de rasoir a été trouvée dans sa cellule de prison à Londres en mai 2019. Julian Assange a par ailleurs évoqué devant le personnel médical des pensées suicidaires.
"J'estime que le risque de suicide de M. Assange, si un ordre d'extradition devait être pris, est substantiel", a déclaré la juge dans sa décision.
"Face à des conditions d'isolement quasi-total (...) je suis convaincue que les procédures (exposées par les autorités américaines) n'empêcheront pas M. Assange de trouver un moyen de se suicider", a-t-elle déclaré.
Les avocats des autorités américaines devraient faire appel de la décision.
La justice américaine et des représentants des services de sécurité occidentaux voient en Julian Assange un ennemi insouciant et dangereux dont les agissements mettent en danger la vie des agents dont les noms figuraient dans les documents rendus publics.
Les partisans de Julien Assange le considèrent au contraire comme un héros antisystème persécuté pour avoir révélé au grand jour des exactions des Etats-Unis lors des guerres d'Afghanistan et d'Irak. Ils voient son procès comme une attaque contre le journalisme et la liberté d'expression.
La juge Vanessa Baraitser a toutefois estimé qu'il n'y avait pas suffisamment de preuves de l'existence de pressions politiques de l'administration Trump sur les procureurs américains en charge du dossier et qu'il y avait peu d'éléments prouvant l'hostilité du président américain à son égard.
Elle a déclaré qu'il n'y avait aucune preuve que Julian Assange n'obtiendrait pas un procès équitable aux Etats-Unis ou que les procureurs cherchaient à le punir et elle a ajouté que ses actions avaient dépassé le cadre du journalisme d'investigation.
(Blandine Hénault pour la version française, édité par Marc Angrand)