par Alexandre Boksenbaum-Granier
PARIS (Reuters) - La Bourse de Paris ouvrira normalement lundi matin après les attentats sans précédent commis dans la capitale française dans la nuit de vendredi à samedi et qui pourraient en revanche peser sur les actions des sociétés dont l'activité est liée au tourisme et à la consommation.
L'Etat islamique a revendiqué samedi matin la responsabilité des attentats qui ont frappé Paris et les abords du Stade de France en Seine-Saint-Denis. Au moins 128 personnes ont trouvé la mort dans une série d'attaques menées par des hommes armés et munis d'explosifs.
"Des mesures de sécurité seront prises pour notre personnel, mais les marchés ouvriront comme d'habitude lundi matin", a déclaré à Reuters une porte-parole d'Euronext.
Ces attentats perpétrés sur le sol français pourraient toutefois avoir des conséquences sur des marchés financiers, où la prudence était déjà de mise dernièrement en raison des inquiétudes sur la croissance mondiale.
"En premier lieu, il y a évidemment de l'émotion et de la compassion pour les victimes et leur famille. Maintenant si l'on essaie de regarder froidement la réalité économique, on peut s'interroger sur les conséquences de ces attentats sur le tourisme et la consommation avec l'Etat d'urgence qui a été décrété et les fêtes de fin d'année qui approchent", observe Alexandre Baradez, analyste de marché chez IG France.
"C'EST L'ENSEMBLE DE LA POPULATION QUI A ÉTÉ VISÉE"
En janvier dernier, les attaques contre Charlie Hebdo et le magasin "Hyper Cacher" n'avaient pas véritablement ébranlé les marchés financiers.
Ces derniers avaient alors davantage réagi aux attentes liées aux éventuelles décisions que pouvait alors prendre la Banque centrale européenne.
"En janvier, le contexte était différent, les actions qui avaient été menées avaient été beaucoup plus ciblées, là c'est l'ensemble de la population qui a été visé", souligne également Alexandre Baradez.
"Tout ce qui est tourné vers la consommation, notamment le luxe avec les fêtes de Noël, et le tourisme pourrait être affecté. Il peut également y avoir un aspect purement psychologique incitant les investisseurs à rester à l'écart du marché le temps que les choses évoluent", juge-t-il.
La fréquentation des hôtels parisiens avait déjà chuté après les attentats de janvier. Mais cette fois, les professionnels du secteur disent craindre un mouvement nettement plus massif, compte-tenu de l'ampleur des attaques dans la capitale.
"Ça va être très difficile pour le tourisme dans les jours qui viennent. Le secteur va souffrir", a déclaré à Reuters Georges Panayotis, président du cabinet spécialisé MKG Group.
Alors que l'hôtellerie française avait repris des couleurs en septembre et octobre - grâce notamment aux salons - et qu'elle tablait sur de très bons taux de remplissage avec la conférence sur le climat (COP21) qui se tiendra au Bourget à partir du 30 novembre, elle risque aujourd'hui beaucoup d'annulations.
(Avec la contribution de Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)