PARIS (Reuters) - La Cour des comptes estime dans un rapport rendu public lundi que le maintien en condition opérationnelle du matériel (MCO) des forces armées françaises, sollicité en particulier au Mali, en République centrafricaine et en Irak, reste insuffisant.
Les crédits ont certes progressé depuis un rapport de 2004 dans lequel la Cour constatait une "crise de la disponibilité" de ces matériels. Mais des difficultés persistent, notamment en raison d'un coût croissant, ajoute-t-elle.
"La disponibilité des matériels militaires ne s'est pas sensiblement améliorée au cours de la période sous revue", lit-on dans un communiqué accompagnant le rapport.
"Les acteurs du MCO sont contraints de gérer l'entretien d'un parc de matériels hétérogènes, répartis sur l'ensemble du territoire, souvent très sollicités en opérations extérieures et pour partie vieillissants", ajoute la Cour.
Or, les dépenses de MCO ont augmenté de 22% depuis 2000 pour atteindre six milliards d'euros en 2012, la majorité concernant les matériels aéronautiques.
Plus de 45.000 personnes travaillent au maintien en condition opérationnelle des matériels au ministère de la Défense - un poste de dépenses qui a lui-même augmenté de 19% depuis 2000, malgré la suppression de 6.500 emplois entre 2008 et 2012.
La Cour des comptes met notamment en cause une dispersion des implantations et des forces, qui constitue, selon elle, un frein à l'industrialisation des processus et à la rationalisation de la logistique.
Elle recommande au gouvernement d'engager "résolument" la réduction du nombre de sites et leur spécialisation.
La Cour suggère également une meilleure prise en compte de la réduction des effectifs sur le MCO, pour permettre une réelle "gestion prévisionnelle des emplois et des investissements", et la mise en place d'un nouveau partenariat avec les industriels.
"En se montrant plus exigeant dans ses achats et en achetant les prestations au meilleur coût, le ministère de la Défense inciterait aussi les partenaires industriels à devenir plus compétitifs", estime-t-elle.
(Emmanuel Jarry, édité par Sophie Louet)