PARIS (Reuters) - L'ex-ministre socialiste de l'Education nationale Benoît Hamon a dénoncé samedi une "forme de cynisme" à la tête du PS et estimé que les militants du principal parti de la majorité pourraient déjouer les pronostics sur son congrès de début juin à Poitiers.
Benoît Hamon, qui a quitté le gouvernement en même temps qu'Arnaud Montebourg sur des désaccords économiques avec le Premier ministre, Manuel Valls, fin août 2014, est signataire de la motion des "frondeurs" du PS (motion "B") concurrente de celle du premier secrétaire du Parti.
Jean-Christophe Cambadélis a notamment rallié la maire de Lille, Martine Aubry, et ses amis, ce qui devrait en principe lui permettre de garder la direction du Parti socialiste.
"Je n'anticiperais pas sur ce résultat", a cependant déclaré à France Culture Benoît Hamon.
Il a estimé qu'il ne fallait pas écarter l'hypothèse que les militants socialistes, appelés à se prononcer jeudi sur les quatre motions en lice, se rebellent "à l'égard de la situation et d'une forme de cynisme".
Benoît Hamon se réfère notamment à des propos de Jean-Christophe Cambadélis, rapportés par l'hebdomadaire L'Obs, sur la manière dont sa motion (motion "A") a été rédigée pour rassembler de la droite du PS aux "aubrystes".
Le premier secrétaire commente notamment une formule sur le travail du dimanche assez ambiguë pour que tout le monde puisse s'y retrouver sans renier des convictions contradictoires.
"C'est à montrer dans les écoles", commente-t-il selon les propos qui lui sont prêtés par le journal. "Martine n'était pas dupe mais elle n'a pu s'empêcher d'exploser de rire quand je la lui ai lue. Tout a été pensé, croyez-moi. J'ai passé des jours et des nuits à plancher."
Pour Benoît Hamon, face à la montée, d'élection en élection, du Front national, qui est selon lui "aux portes du pouvoir", il ne sera pas possible de "continuer avec les mêmes habiletés, les mêmes personnes, les mêmes combinaisons."
Les militants du PS seront invités le 28 mai à choisir un premier secrétaire entre les chefs de file des deux motions qui auront obtenu le plus de voix le 21, ce qui devrait contribuer à déminer le congrès des 5, 6 et 7 juin.
L'ancien ministre a par ailleurs dit s'être "trompé" sur Manuel Valls et sa capacité à infléchir la politique économique du gouvernement, lors de la formation de sa première équipe en avril 2014.
"J'ai cru que le pragmatisme qui est le sien l'amènerait à regarder les yeux dans les yeux ce qu'étaient les conséquences en termes de chômage, d'inégalités, d'une politique économique, qui, non seulement fabrique de la désespérance sociale (...) mais en plus fabrique du désenchantement démocratique."
"J'ai parié sur sa capacité à regarder les choses en face et je me suis trompé", a ajouté Benoît Hamon.
(Emmanuel Jarry, édité par Eric Faye)