PARIS (Reuters) - François Fillon va porter plainte pour diffamation contre deux journalistes du Monde qui l'accusent d'avoir demandé à l'Elysée d'accélérer les procédures judiciaires contre Nicolas Sarkozy, a annoncé samedi le député UMP Jérôme Chartier, proche de l'ancien Premier ministre.
"Depuis 72h, François Fillon se retrouve victime d'une polémique infâme", a-t-il dit à la presse à Paris. "On lui reproche d'être allé s'adresser à l'actuelle majorité pour demander à la majorité d'accélérer le calendrier judiciaire contre Nicolas Sarkozy, rien de moins."
"Ces allégations scandaleuses déshonorent François Fillon, c'est la raison pour laquelle il a pris la décision de porter plainte contre les deux journalistes qui sont à l'origine de ces allégations pour faire toute la lumière sur les raisons pour lesquelles ils auraient pu parvenir à de telles allégations", a-t-il ajouté.
Dans le livre "Sarko s'est tuer" publié jeudi, les journalistes du Monde Fabrice Lhomme et Gérard Davet rapportent que François Fillon a demandé au secrétaire général de l'Elysée Jean-Pierre Jouyet, lors d'un déjeuner le 24 juin dernier, de "taper vite" sur l'ancien chef de l'Etat pour ne pas "le laisser revenir".
Dans Le Monde daté de dimanche, les deux journalistes maintiennent leurs informations concernant ce déjeuner auquel participait également Antoine Gosset-Grainville, ancien directeur adjoint de cabinet de François Fillon. Ils indiquent en avoir eu confirmation par Jean-Pierre Jouyet lui-même lors d'un entretien qu'ils ont enregistré et dont ils publient des extraits.
Les trois participants au déjeuner du 24 juin ont démenti ces informations, a rappelé Jérôme Chartier qui a dénoncé une tentative de déstabilisation visant François Fillon, l'un des rivaux les plus critiques de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2017.
"Ce qui me frappe, c'est que j'ai le sentiment que François Fillon gêne, qu'il est victime de boules puantes à répétition, je ne sais pas d'où elles viennent mais elles ont toujours un destinataire, c'est François Fillon", a-t-il dit.
Interrogé sur une possible démission de François Fillon de la direction temporaire de l'UMP à trois semaines du vote pour la présidence du parti, le député du Val d'Oise a écarté ce scénario qu'il a jugé "incroyable".
"François Fillon sait très bien ce qu'il a dit, connaît ce déjeuner (du 24 juin) par le menu, sait précisément ce dont il a parlé", a-t-il ajouté. "Les journalistes semblent maintenir leurs allégations, dans ce cas là qu'ils publient les enregistrements."
(Marine Pennetier, édité par Tangi Salaün)