La perspective que le chinois Dongfeng et l'Etat français volent au secours de PSA Peugeot Citroën a pesé lundi sur le titre du constructeur automobile, qui discute avec différents partenaires mais assure que ces négociations n'ont pas encore abouti.
A la Bourse de Paris, l'action Peugeot a plongé de 9,06% à 11,25 euros, alors que l'indice CAC 40 a fini la séance à l'équilibre (+0,07%). Selon la presse, le groupe pourrait procéder à une augmentation de capital de 2,5 à 3 milliards d'euros qui serait souscrite à hauteur équivalente par Dongfeng et par Paris.
Le premier actionnaire, la famille Peugeot, ne pourrait pas suivre, ce qui aurait pour conséquence de diluer sa participation. Elle contrôle actuellement 25,4% du capital et 38,1% des droits de vote, devant le constructeur américain General Motors qui détient 7% du capital et 5,9% des droits de vote.
PSA a réagi à ces informations en redisant "étudier des nouveaux projets de développement industriel et commercial avec différents partenaires, ainsi que les modalités de financement qui les accompagneraient", mais a assuré qu'"aucun de ces projets n’est arrivé à maturité à ce stade".
Le premier groupe automobile français, en difficulté, s'est déjà allié au printemps 2012 avec GM. Cette coopération est pour l'instant essentiellement concentrée sur l'Europe alors que PSA a besoin de se développer plus vite à l'international afin de compenser la faiblesse du marché automobile européen, d'où la recherche d'un ou d'autres partenaires.
Il possède aussi en Chine deux coentreprises, l'une avec Dongfeng, dotée de trois usines de production située à Wuhan (centre) et une autre avec Changan dédiée à la ligne Citroën DS.
'Réflexions en cours'
Le président du directoire de PSA, Philippe Varin, avait expliqué le mois dernier lors d'un déplacement en Chine avoir "un certain nombre de réflexions en cours" pour renforcer le partenariat avec Dongfeng, mais était resté muet sur la perspective d'une entrée au capital.
Le constructeur chinois, de son côté, avait indiqué à l'agence Bloomberg avoir "reçu des informations de la part de banques d'investissement concernant PSA" mais "nous ne sommes parvenus à aucune conclusion pour l'instant et nous sommes loin d'avoir atteint ce point".
"Avec la présence au capital de l’Etat français, la montée de Dongfeng nous parait plus envisageable, car celui-ci n’aurait pas le contrôle seul d’un fleuron industriel français qui emploie plus de 100.000 employés en France", soulignait lundi un analyste parisien sous couvert d'anonymat.
Tangi Le Liboux, analyste chez le courtier Aurel BGC, estime de son côté que l'opération pourrait éloigner "la perspective d’un rapprochement avec Opel (filiale allemande de GM), qui aurait engendré des licenciements et des fermetures d’usines" en Europe. Il reste qu'avec "GM, la famille Peugeot, Dongfeng et l’Etat au capital, la gouvernance de PSA s’annoncerait compliquée", selon lui.
Le gouvernement, comme la famille Peugeot, restent muets sur le sujet. Le ministre de l'Economie Pierre Moscovici s'est contenté samedi d'expliquer que "la question aujourd'hui n'est pas d'abord celle de l'entrée de l'Etat ou d'un constructeur au capital, c'est celle des bons partenariats industriels à développer pour PSA".
La question pourrait pourtant rapidement être mise sur la table, lors d'une réunion du conseil de surveillance prévue le 22 octobre, à la veille de la publication du chiffre d'affaires trimestriel, assure le Wall Street Journal Europe.
Un autre rendez-vous est prévu dès ce mercredi mais il porte sur un autre sujet: le comité stratégique paritaire se penchera sur le projet d'accord social négocié depuis des mois entre la direction et les syndicats. Il prévoit un certain nombre de sacrifices consentis par les salariés en contrepartie d'assurance sur l'emploi et le maintien des sites en France.