par Sruthi Ramakrishnan et Devika Krishna Kumar
(Reuters) - Le distributeur discount américain Family Dollar a rejeté jeudi l'offre de rachat de Dollar General en estimant qu'elle ne prenait pas en compte la législation anti-monopole et en réaffirmant soutenir la proposition de Dollar Tree.
Family Dollar, numéro deux du discount aux Etats-Unis, s'est dit persuadé qu'un rapprochement avec Dollar General, numéro un du secteur, ne recevrait pas l'aval des autorités malgré la promesse faite par le second de fermer jusqu'à 700 magasins.
"Notre conseil d'administration a étudié, avec nos conseillers, tous les aspects de la proposition de Dollar General et a conclu à l'unanimité qu'elle ne pouvait être raisonnablement acceptée en l'état", Howard Levine, directeur général de Family Dollar, cité dans un communiqué.
Ce dernier, dans une lettre rendue publique mercredi, a été accusé par Dollar General de ne penser qu'à ses propres intérêts en soutenant l'offre de Dollar Tree.
Howard Levine, fils du fondateur de Family Dollar, devrait conserver son poste de directeur général de Family Dollar en cas de rachat de Dollar Tree. En revanche, il devrait le perdre si Dollar General remportait la bataille, mais si cela n'a pas été confirmé.
En réponse à la lettre de Dollar General, Howard Levine a jugé que cette dernière contenait "des déformations flagrantes et ne fait rien pour régler les problèmes de concurrence posés par la proposition de Dollar General".
L'investisseur activiste Carl Icahn, qui a ramené sa participation dans Family Dollar à 3,6% à la date du 30 juillet après être monté jusqu'à 9,4%, s'est également demandé si l'avenir d'Howard Levine avait joué un rôle dans le choix en faveur de Dollar Tree.
Et Efraim Levy, analyste chez S&P Capital, s'est demandé pourquoi les éventuelles inquiétudes liées à la concurrence ne pouvaient être résolues par des cessions de magasins.
"Il se pourrait que la législation anti-monopole ne soit pas la seule et unique raison", a-t-il dit.
À PEINE UN DIXIÈME DU C.A. DE WAL-MART
Dollar General a présenté lundi une offre de 8,95 milliards de dollars (6,7 milliards d'euros) sur Family Dollar pour contrer celle de Dollar Tree, qui avait mis 8,5 milliards de dollars sur la table fin juillet.,
Family Dollar a une clientèle essentiellement composée des classes sociales défavorisées tandis que Dollar Tree vise les classes moyennes. Les deux se sont spécialisés dans la vente de produit à un dollar ou moins.
Les distributeurs discount américains, dont la clientèle s'est accrue depuis la crise de 2009, tentent de s'organiser pour contrer la concurrence de plus en plus féroce des chaînes d'hypermarchés, et notamment de Wal-Mart, qui a récemment commencé à ouvrir des magasins de taille plus modeste.
Le marché américain des "dollar stores" a progressé de 45,7% entre 2008 et 2013 pour atteindre 48,2 milliards de dollars et il devrait encore augmenter de 18% sur les cinq prochaines années selon Euromonitor International.
A eux trois, Dollar General, Family Dollar et Dollar Tree représentent un chiffre d'affaires de 35 milliards de dollars environ, moins du dixième de celui de Wal-Mart, qui s'élève à 473 milliards.
Dollar Tree a fait état jeudi d'une baisse de 2,6%, plus marquée que prévu, de son bénéfice net au deuxième trimestre, à 121,5 millions de dollars, soit 59 cents par action, en raison d'une inflation de ses coûts.
Le chiffre d'affaires du groupe a progressé de 9,5%, à 2,03 milliards de dollars, un niveau supérieur aux attentes des analystes financiers. Les ventes à magasins constants ont progressé de 4,5% sur la période alors que les analystes avaient anticipé +2,5%, selon Consensus Metrix.
Vers 17h15 GMT, le titre Dollar Tree perdait 1,27% à 54,30 malgré le relèvement par le groupe de sa fourchette de prévisions de chiffre d'affaires annuel. Dollar General cédait 0,43% à 63,49 dollars et Family Dollar 0,34% à 79,54 dollars tandis que le S&P 500 avançait de 0,3%.
(Sruthi Ramakrishnan et Devika Kirshna Kumar à Bangalore; Patrick Vignal pour le service français, édité par Benoît Van Overstraeten)