La construction de logements neufs sort doucement de la crise en enregistrant la première croissance des mises en chantier depuis plus de deux ans, une reprise parallèle au redémarrage de l'ensemble de l'économie et qui devrait s'affirmer tout au long de 2016.
D'août à octobre, les démarrages de chantiers ont affiché leur première hausse depuis août 2013, en progressant de 1,5% sur un an à 78.700, a annoncé vendredi le ministère du Logement.
De leur côté les permis de construire accordés pour des logements neufs ont progressé de 4% sur un an à 94.900 sur les mêmes trois mois - ils étaient eux aussi en dégradation constante depuis le printemps 2013.
Après avoir progressivement résorbé leur recul ces derniers mois, ces deux indicateurs passent ainsi simultanément dans le vert.
Sur la même période, le PIB français a progressé de 0,3% permettant d'assurer une croissance minimale de 1,1% sur l'année.
"On observe, comme prévu, un redressement très progressif à la fois des permis de construire et des mises en chantier, lié à l'amélioration assez nette des ventes de logements neufs", observe Olivier Eluère, économiste de Crédit Agricole (PA:CAGR) SA.
Les ventes des promoteurs privés ont bondi de 18% de juillet à septembre grâce à des commercialisations soutenues auprès des investisseurs, dues au succès du dispositif fiscal Pinel, accordé sous conditions aux propriétaires qui louent un logement à loyer intermédiaire, selon les chiffres de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).
En revanche les accédants à la propriété, qui vont bénéficier d'un prêt à taux zéro (PTZ) amélioré, semblent pour l'heure rester à la traîne, selon la FPI.
Toutefois les ventes de maisons individuelles hors promoteurs "se redressent elles aussi", ce qui signifie que "les ventes aux accédants repartent elles aussi, au moins dans ce segment", souligne M. Eluère.
- Volumes "encore faibles" -
Alexandra François-Cuxac, présidente de la FPI, se réjouit "que ces indicateurs passent au vert", mais, tempère-t-elle, "c'est un effet de rattrapage progressif d'une année 2014 très mauvaise, avec des volumes qui restent faibles".
Sur la période de douze mois achevée fin septembre, les mises en chantier se stabilisent après des mois de dégradation continue, à 350.600, ce qui demeure inférieur aux 450.000 mises en chantier de 2007, avant la crise, et aux 500.000 logements par an visés par François Hollande durant la campagne présidentielle.
De leur côté les permis de construire demeurent, eux, dans le rouge sur les 12 mois écoulés, avec une baisse de 3,1%, à 366.900 - celle-ci s'atténue toutefois de mois en mois.
"Nous sommes loin des 553.000 logements autorisés de 2007 et en régression par rapport aux 435.000 de 2013", souligne la présidente de la FPI.
Selon M. Eluère, "le rythme de construction des logements neufs devrait être plus fort au cours du premier semestre 2016".
Pour les promoteurs, il faut maintenant convaincre les "maires de la nécessité de délivrer les permis plus rapidement", mais aussi "donner les moyens aux tribunaux d'instruire les recours bloquant actuellement 33.000 logements", des procédures en "grande majorité abusives", disent-ils.
Si les taux de crédit immobiliers toujours très bas, aux alentours de 2% en moyenne, sont favorables à la construction de logements, en revanche la morosité de la conjoncture économique, et en particulier la montée du chômage qui a atteint le niveau record de 3,59 millions de demandeurs d'emplois en octobre, pèsent sur le secteur.
"Le niveau élevé des prix, plus chers que dans l'ancien, est aussi un frein", souligne M. Eluère.
Par type de construction, les mises en chantier de logements ordinaires ont progressé de 0,9% à 73.600 unités, d'août à octobre.
Celles des logements en résidence (pour séniors, étudiants ou dédiés au tourisme), un segment de niche qui fluctue davantage, ont bondi de 10,6% à 5.100 unités sur la période.