OSLO (Reuters) - La Colombie a perdu son statut de favori pour l'attribution du prix Nobel de la paix après la victoire du "non" au référendum de dimanche sur l'accord de paix avec les Farc, a déclaré lundi un responsable de l'Institut de recherche sur la paix d'Oslo.
Le "non" à l'accord entre le gouvernement colombien et la guérilla marxiste pour mettre fin à 52 ans de conflit armé, un texte jugé trop favorable aux Farc par ses détracteurs, l'a emporté avec 50,21% des voix contre 49,78% lors du scrutin de dimanche, lors duquel la participation n'a été que de 37%.
Ce rejet inattendu a pour effet d'augmenter les chances de récompense pour d'autres lauréats potentiels du prestigieux prix, parmi lesquels figurent des défenseurs des droits de l'homme en Russie et les promoteurs de l'accord sur le nucléaire iranien, a-t-il ajouté.
"La Colombie n'est plus sur aucune liste crédible", a dit Kristian Berg Harpviken, le directeur de l'institut.
Le prix Nobel de la paix sera décerné vendredi à partir de 9h00 GMT.
Jusqu'à dimanche, le président colombien, Juan Manuel Santos, et le chef des Farc, Rodrigo Londono, plus connu sous son nom de guerre Timochenko, étaient considérés comme favoris pour ce prix qui a déjà récompensé plusieurs promoteurs de processus de paix, au Vietnam en 1973, en Irlande du Nord en 1998 ou entre Israël et les Palestiniens en 1994.
"Il est désormais hors de question" d'attribuer un prix à la Colombie, a jugé Asle Sveen, un historien spécialiste du prix, revenant sur son pronostic de la semaine dernière.
Il estime désormais que le Nobel de la paix devrait aller à l'accord entre l'Iran et les grandes puissances pour l'accord sur le programme nucléaire de Téhéran, qui a ouvert la porte à la levée des sanctions contre la République islamique.
Parmi les autres candidats possibles figurent le secrétaire d'Etat américain John Kerry, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammed Javad Zarif, et Federica Mogherini, la chef de la diplomatie européenne.
Harpviken, qui classait auparavant la Colombie au deuxième rang de sa liste des 376 personnes ou organisations susceptibles d'obtenir le prix, a réaffirmé que celui-ci devrait aller à Svetlana Gannouchkina, une militante russe des droits de l'homme.
Le ministre norvégien des Affaires étrangères, Børge Brende, dont le pays a joué un rôle d'intermédiaire dans les négociations en Colombie, a exprimé sa déception après le référendum de dimanche. "Nous devons essayer de sauver l'accord de paix", a-t-il dit à la chaîne de télévision TV2.
(Alister Doyle et Terje Solsvik; Marc Angrand pour le service français, édité par Tangi Salaün)