PARIS (Reuters) - Le gouvernement mise sur la formation, un accompagnement plus efficace des demandeurs d'emploi pour réduire les obstacles à la recherche d'un travail et une politique incitative à l'adresse des employeurs pour tenter d'enrayer le chômage de longue durée.
Tels sont les principaux axes du plan que le ministre du Travail, François Rebsamen, présentera lundi, après une ultime réunion avec les acteurs concernés, Pôle emploi, les organismes d'insertion et les partenaires sociaux, dit-on dans son entourage.
"L'objectif est de renforcer l'accompagnement, tout en agissant sur les contraintes -- le logement, la santé, la garde d'enfant, la formation ou tout simplement le manque d'argent -- qui empêchent le retour à l'emploi", a-t-il lui-même résumé la semaine dernière lors de ses voeux à la presse.
Le chômage de longue durée ne cesse en France de s'aggraver et est devenu ces dernières années une des caractéristiques clefs de la dégradation de l'emploi.
Selon les chiffres officiels de janvier, le nombre de demandeurs d'emplois sans activité ou avec une activité réduite et inscrits depuis plus d'un an a augmenté de 9,7% en 2014, pour atteindre 2.254.600 en France métropolitaine, 2.417.100 avec les départements d'outre-mer (DOM).
Cela représente plus de 43% des 5,2 millions de chômeurs de toutes catégories enregistrés à Pôle emploi en métropole (5,5 millions avec les DOM). Plus de la moitié des chômeurs de longue durée le sont depuis au moins deux ans.
Lors de la conférence sociale de juillet 2014 François Hollande avait appelé de ses voeux "la conclusion d'un accord national sur le chômage de longue durée" et la mobilisation de tous les partenaires pour faire de la lutte contre ce fléau une "cause nationale".
"EFFORT SANS PRÉCÉDENT"
Le chef de l'Etat avait annoncé un doublement de l'aide liée aux contrats de génération en cas de recrutement simultané dans une entreprise d'un jeune et d'un chômeur longue durée, et du nombre de contrats d'insertion par l'emploi, de 40.000 à 80.000.
Mais face à l'explosion du chômage de longue durée, qui touche de nombreux salariés relativement âgés et peu qualifiés, le recours à ce type de contrat aidé en période de croissance faible est inopérant. On promet ainsi au ministère du Travail "un effort sans précédent pour l'accompagnement des demandeurs d'emploi exposés au chômage de longue durée."
La convention régissant les relations entre l'Etat, l'assurance chômage (Unedic) et Pôle emploi pour la période 2015-2018, signée en décembre, prévoit déjà un doublement du nombre de demandeurs d'emploi en "accompagnement intensif", qui passera de 203.000 à 460.000 d'ici 2017.
"Des solutions vont être apportées pour lever tous les obstacles à la recherche d'un emploi, comme les problèmes de logement", ajoute-t-on de même source.
Un des axes forts du plan sera aussi la formation. Le gouvernement compte notamment sur la mise en oeuvre du nouveau compte personnel de formation (CPF), fruit d'un accord des partenaires sociaux sur la réforme de la formation continue.
François Rebsamen devrait par ailleurs annoncer des mesures en faveur des employeurs qui "jouent le jeu du recrutement des personnes exposées au chômage de longue durée", laisse-t-on entendre au ministère du Travail.
Côté financement, on assure de même source qu'il y aura un "réel effort financier" : "Il y a des mesures déjà budgétées mais il y aura des rallonges."
François Rebsamen devrait enfin insister sur la mobilisation de l'ensemble des acteurs concernés par l'emploi et l'insertion, y compris le monde associatif et les collectivités locales.
(Emmanuel Jarry, avec Jean-Baptiste Vey, édité par Yann le Guernigou)